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IA éthique : le modèle européen peut-il faire face aux États-Unis et à la Chine ?

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IA éthique : le modèle européen peut-il faire face aux États-Unis et à la Chine ?

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VivaTech se veut le haut-lieu de la technologie et de l’innovation en Europe, et s’il y en a une qui catalyse les discussions c’est bien l’intelligence artificielle. Qu’elle soit traitée sous l’angle de la géopolitique, du social ou de l’impact business, l’IA peut s’envisager de nombreuses manières. Face aux colossaux programmes de développement américains et chinois, la France et l’Europe tentent de tirer leur épingle du jeu en jouant la carte de l’éthique et des valeurs. Est-ce un modèle viable ?
Le fossé entre le monde virtuel et le monde réel n'existe plus. Nous devons être sûrs que nos valeurs ne disparaitront pas avec lui.
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Cette citation de Justin Trudeau, Premier ministre du Canada et invité d’honneur de VivaTech, pourrait aisément résumer les intentions européennes en matière de technologie et notamment d’intelligence artificielle. Le pays d’Amérique du Nord se démarque profondément des États-Unis par sa volonté d’associer les acteurs du privé et l’État au développement de l’intelligence artificielle. Une IA qui doit certes développer l’économie de la Nation, mais respecter avant tout ses valeurs et son tissu social.

Sur l’enjeu et l’approche, le Canada tombe d’accord avec l’Union européenne, et notamment la France, avec qui il s’est allié au sein Groupe International d’experts en Intelligence Artificielle (G2IA) fin 2018.

Rencontré lors du salon VivaTech, David Sadek, VP Research, Tech & Innovation de Thalès résume plutôt bien la vision française de l’IA qui se doit d’être :

  • Explicable : il doit être possible de comprendre le comportement de l’intelligence et le pourquoi de ses décisions.
  • Sûre : le système doit pouvoir démontrer qu’il fait ce pour quoi il a été pensé, rien de plus et rien de moins.
  • Responsable : cette IA doit être en accord avec les principes éthiques et les standards réglementaires menant résolument à l’apparition de certifications IA à l’échelle nationale et pourquoi pas européenne.

On l’a bien compris, pour s’imposer face aux colossaux investissements Chinois et Américains, la coopération entre le public et le privé est de mise. Mais au-delà de l’idée, l’Europe peut-elle réellement s’imposer comme le troisième larron d’une compétition duopolistique où ses deux concurrents déploient des moyens financiers considérables et imposent des limites morales bien moindres au secteur privé ?

Le défi du multiculturalisme

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À cette question qui s’applique à toute l’innovation européenne et pas seulement à l’Intelligence Artificielle, Emmanuel Macron admet que "notre tâche ne sera pas simple, mais l’Europe est de toute façon un laboratoire à traitement de la complexité. Il faut parvenir à faire converger des langues, des cultures et des visions très différentes derrière un projet global et commun."

Pourtant le Président de la République se veut rassurant lorsqu’il s’adresse à un panel d’entrepreneurs préoccupés : "Je suis convaincu que l’Europe peut devenir le leader de la tech de demain, car notre modèle est démocratiquement soutenable. Le modèle de la Chine est très fort, mais stato-centré. Il n’a pas nos référentiels en termes de libertés individuelles et de respect des droits de l’homme. […] Cela limitera d’autant plus leur expansion globale. Aux États-Unis c’est le même problème pour tout ce qui touche au respect de la vie privée ou de l’écologie. Nous créons en Europe un écosystème complexe, mais qui respecte nos valeurs en matière de développement durable et social. Demain, les entreprises qui n’auront pas ces caractéristiques peineront autant que vous aujourd’hui."

Le défi des finances

Reste à résoudre le problème des moyens financiers. En février, Eric Hazan, directeur associé senior chez McKinsey estimait qu’il faudrait investir entre "10 à 15 milliards de dollars chaque année en Europe" (le budget commun actuel avoisinant plutôt les 5 à 6 milliards). Ecart d’autant plus accentué par la faible capacité Européenne à motiver le capital risk dans l’IA. En 2016 / 2017, la part du Vieux Continent aurait atteint 11% des investissements privés mondiaux contre près de 50% aux États-Unis et l’essentiel restant en Chine.

Un enjeu majeur auquel devrait répondre le projet "d’une union des marchés capitaux européens" censée améliorer "l’intégration à l’échelle européenne des réglementations en matière d’investissements" (y compris étrangers) pour permettre à "l’épargne de circuler et de se poser là où on en a besoin."

Ce projet, on l’aura compris, mettra du temps avant de se concrétiser alors que la question de la souveraineté européenne est toujours remise en question. Emmanuel Macron résume d’ailleurs parfaitement la situation en rappelant qu’il s’agit de s’assurer de la régulation de "la compétitivité d’entreprises internationales" alors que pour beaucoup "la souveraineté digitale est encore 100% nationale."

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