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Sommaire de l'ouvrage
En quoi les entreprises sont-elles directement concernées par la dégradation des écosystèmes naturels ?
La nature est la base de la vie humaine. Les écosystèmes sains sont essentiels à la biodiversité, à notre approvisionnement en nourriture, en eau et en énergie (...), ainsi qu'à la régulation du climat et au bien-être humain. Bien que longtemps ignorée, la nature est aussi le fondement même de notre économie. Selon les estimations, plus de la moitié du PIB mondial dépend fortement de la nature et des services qu'elle fournit et 58 000 milliards de dollars sont exposés à des risques liés à celle-ci.
Nos impacts sur la nature, qui se manifestent par une accélération du déclin de la biodiversité et le changement climatique, sont profonds et menacent d’entraîner avec eux l’économie mondiale, avec comme premiers signes manifestes la raréfaction des ressources naturelles. Il est essentiel de positionner l'écologie et les limites planétaires comme des principes fondamentaux sur lesquels la société doit se construire et s'organiser, pour un avenir durable.
Compte tenu de l’urgence, nous devons innover pour créer des modèles économiques qui intègre un nouveau paradigme non plus fondé sur l’extraction des ressources naturelles, mais sur leur régénération.
Les entreprises sont-elles contraintes au changement ?
Oui, et c’est une excellente nouvelle ! Le changement climatique et la reconnaissance croissante de l’interdépendance entre l’économie et les avantages fournis par les écosystèmes naturels a conduit à l'émergence de cadres de mises en conformité et de réglementations à l’échelle Européenne. Cela se traduit notamment par la mise en place progressive de la double matérialité, visant à lutter contre le changement climatique et protéger les ressources naturelles d’une part et à maitriser au mieux les risques pour les entreprises d’autre part.
Les entreprises qui négligent d’anticiper ce sujet de manière adéquate risquent à terme de ternir leur réputation et d’impacter leur valeur financière. Sans compter que nous n’en sommes qu’au début ! L'ambition ultime de l'Europe est d'élever l'information sur le développement durable au même niveau d'importance que l'information financière.
« Il est essentiel de positionner l'écologie et les limites planétaires comme des principes fondamentaux sur lesquels la société doit se construire et s'organiser, pour un avenir durable ».
Derrière les risques et la contrainte, l’entreprise peut-elle y trouver une opportunité ?
Sans aucun doute ! Je crois que tout l’enjeu est de ne pas subir ces obligations et de savoir saisir les opportunités inhérentes. Pour commencer, rôle sociétal et environnemental et création de valeur ne doivent pas s’opposer. Si la finalité de l’entreprise est d’être profitable, elle n’en doit pas moins servir la société. C’est en créant l’alliance entre les deux avec des modèles de rentabilité innovants que nous parviendrons par exemple à orienter des financements massifs vers la nature et que l’entreprise pourra se développer tout en contribuant à transiter vers une économie régénérative.
Aujourd’hui, nous avons une connaissance poussée des services écosystémiques fournis par la nature au bénéfice de l'humanité et des entreprises. Certains de ces services, comme la captation carbone, deviennent des marchés et font l’objet d’une financiarisation par la création de nouvelles classes d'actifs. Si cette vision de la nature peut paraitre philosophiquement regrettable, une approche pragmatique, face à l’urgence, conduit à considérer cette approche comme un levier majeur de restauration des écosystèmes. Les entreprises ont une carte à jouer en anticipant stratégiquement ces enjeux et opportunités dès maintenant.
Quel exemple d’application concrète d’opportunité pour l’entreprise ?
Investir aujourd’hui dans des projets de reforestation qui génèreront des crédits carbone de haute qualité pendant les 30 prochaines années est, par exemple, une opportunité pour l’entreprise de s’assurer d’une part de la disponibilité de crédits carbone et de leur qualité, et de se prémunir d’autre part de l’augmentation du prix au fur et à mesure que les organisations s’approcheront de leurs objectifs net zéro. Différents modèles de financement émergent qui tiennent compte à la fois des bénéfices pour l’entreprise et pour la nature. La régénération des écosystèmes s’inscrit sur le long terme et ces approches innovantes permettent aux entreprises d’anticiper et de contribuer à transmettre aux générations futures un monde viable, tout en créant de la valeur économique et sociétale.
« C’est en considérant les bénéfices à la fois pour la nature et les entreprises que nous parviendrons à orienter les financements nécessaires à la régénération du vivant ».
Entretien réalisé au 1er semestre 2024 dans le cadre de l'ouvrage Comment réussir votre stratégie de triple accélération
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