Google Plus en passe de devenir la première plateforme communautaire ?

Par : HUB Institute
21 mai 2013
Temps de lecture :
6 min
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Lancée en septembre 2011, Google Plus est sans aucun doute la plateforme sociale qui divise le plus les internautes. Difficile de porter un jugement sur un espace méconnu qui s’est construit à tort une image de «réseau pour geek» et qui manque cruellement de visibilité. La faute au désintérêt des médias, qui à la différence de Facebook et Twitter peinent à trouver l’angle sous lequel l’aborder. En effet, quand le premier est cité dans les cas d’identité numérique, le second ressort systématiquement dans les débats autour de la Télévision. Pourtant ce ne sont pas les qualités qui manquent. Le géant du net Google est d’ailleurs en passe d’en faire la plus communautaire des plateformes. Explications...
Elle ne fait pas beaucoup parler d’elle et pourtant ses adeptes sont de plus en plus nombreux. Lancée il y a un peu plus d’un an et demi, Google Plus n’a pas encore atteint la phase de maturité mais compte déjà quelques 135 millions d’utilisateurs, dont la moitié sur mobile. Souvent comparée aux poids lourds que sont Facebook (1,1 milliard d’adeptes) et Twitter (200 millions) cette plateforme ne répond pourtant pas aux mêmes besoins. L’erreur consisterait à l’assimiler à un espace social alors qu’elle revêt surtout les caractéristiques d’un espace communautaire.
Pour bien comprendre où je veux en venir, il me semble important de différencier les deux notions que sont le "Communautaire" et le "Social". En résumé, l'internaute est aujourd'hui en contact permanent avec des réseaux sociaux comme Facebook, Tumblr et Twitter sur lesquels il publie des messages dans une dynamique passive, c'est-à-dire qu'il s'exprime sans pour autant attendre une réponse. On peut donc dire que ces réseaux sociaux n'abritent pas de véritables dialogues et sont plutôt destinés à répondre à un besoin "nombrilique".
A l'inverse les conversations sont l'épine dorsale des plateformes communautaire. Leurs membres se questionnent les uns les autres, débattent entre eux et échangent dans une optique de partage. Cette approche communautaire repose avant tout sur l’empathie. L'internaute y cherche des personnes avec une passion ou un vécu commun.
Il s'avère que Google Plus possède ces deux facettes. Il s’agit tout d’abord d’une couche sociale censée unifier l’écosystème très complexe de Google. La firme de Mountain View est partie du constat que le nombre excessif de services générait une certaine confusion dans l’esprit des internautes et que cela manquait de passerelles. C’est donc pour jouer un rôle de colonne vertébrale que Google Plus a vu le jour. On ne parle pas de convergence mais bien d’utilité mutuelle entre G+ et Youtube, Google Drive ou encore Google Search.
Malgré tout, son élément de différenciation principal se situe dans son esprit communautaire, soit sa capacité à générer des conversations par centre d’intérêt.
Ce qu’il y a d’intéressant, c’est qu’au fil du temps les gens ont commencé à s’accaparer ce réseau et à former des communautés autour de nombreux centres d’intérêt. On y retrouve l’esprit des forums d’il y a dix ans. D’ailleurs il y a une réelle notion intimiste puisque les interactions avec chacune de nos communautés ne sont accessibles qu’aux personnes que l’on souhaite, grâce à un système très bien ficelé de «cercles». Cet intérêt soudain vient aussi en grande partie des outils fournis par Google Plus. Les fonctionnalités comme Hangout sont un plus qui permet d’enrichir nos échanges. Ce service regroupe les membres d’une même communauté le temps d’une discussion vidéo par webcam. Il est possible d’interagir à plusieurs, mais aussi d’offrir l’accès à cette vidéo au plus grand nombre en tant que spectateurs.
Par exemple si vous animez un «cercle» autour de la cuisine, vous pouvez proposer un hangout pour dispenser des cours de cuisines aux membres ou échanger vos recettes. Certains membres peuvent être triés sur le volet et échanger directement avec vous pour apporter une dynamique à la vidéo, les autres pourront se contenter de visionner le programme. Ce format est imagé donc forcément plus explicite et interactif.
Mais avant d’interagir avec une communauté faut-il encore connaître son existence. Le moteur de recherche de Google Plus répond à cette problématique car il reconnaît des Hashtags, à l’image de Twitter et permet d’identifier des posts publics émanant de ces groupes, ce qui nous permet d’identifier les communautés qui peuvent potentiellement nous intéresser et donc de les rejoindre.
L’influence des communautés naissantes sur Google Plus
Pour vous illustrer l’intérêt des communautés implantées sur Google+ je citerais deux exemples. Prenons tout d’abord le groupe «Virtual Star Party». Il regroupe de véritables fans d’astronomie soit un nombre très restreint d’internautes éclaté géographiquement. Leur page est animée au quotidien et propose régulièrement des hangouts afin que ces influenceurs et heureux possesseurs de télescopes puissent partager avec les autres membres la vue qu’offre leur instrument. Ce sont des moments forts émotionnellement et très enrichissants puisqu’ils permettent d’observer et d’analyser de multiples visions de l’espace. La suite démontre que le nombre d’adhérents d’une communauté ne désigne en rien son influence, contrairement à ce que l’on peut constater ailleurs comme sur Facebook. Nos adeptes de «Virtual Star Party» ne sont pas 10.000 et pourtant ils ont prouvé dernièrement la force de l’hyperactivité de leur petite communauté. Il s’avère qu’à l’occasion de la très médiatisée campagne spatiale sur Mars, nos amateurs d’étoiles ont vécu une expérience originale. Ils sont parvenus à approcher la Nasa qui a accepté de partager en direct l'atterrissage du robot Curiosity par l’intermédiaire d’un Hangout sur le groupe «Virtual Star Party». Cet évènement a été l’occasion de découvrir en exclusivité certaines images et surtout de commenter avec des experts de la NASA cet évènement. Ce qu’il faut retenir, c’est que nous avons à faire à des petites communautés de personnes très passionnées. Cela dépasse rarement la centaine, car au-delà, il devient difficile d’évoluer dans une «réelle» optique conversationnelle. Autre exemple, le groupe «Virtual Photo Walks» permet aux personnes utilisant Google Plus de se transformer en photo reporter. En utilisant la fonction Hangout sur smartphone, les photographes permettent aux autres membres de découvrir des endroits insolites qu’ils n’auraient jamais pu voir pour des raisons géographiques mais aussi de handicap. Ce groupe crée une proximité comme jamais auparavant. De plus, ses contenus sont durables et surtout remarquables puisqu’ils répondent à un objectif sociétal. Là où Google Plus marque des points c’est sur la qualité de ses images, puisqu’il s’agit de la seule plateforme communautaire à héberger des photos en HD. Un atout indéniable pour des passionnés de «Virtual photo Walks». Vous l’aurez compris, les Communautés qui coexistent sur Google+ ne sont pas nées de l’amour de leur membre pour la société américaine mais parce que l’architecture de sa plateforme répond à leurs attentes. Les internautes imaginent des usages auxquels Google n’aurait pas pensé. Certaines personnes ont rapidement compris l’intérêt de ces «cercles» et n’hésitent pas à monétiser leurs hangouts. Les marques commencent également à investir ce territoire pour se rapprocher comme jamais de leur public. C’est d’ailleurs ce que nous vous racontions dans notre article «Et si Google Plus en valait vraiment la peine ?». Après lecture de cet article, votre vision de Google Plus a-t-elle évolué ? N’hésitez pas à nous donner vos avis et à poser vos questions.Envie de nous partager vos insights ?