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Des «éditeurs d’idées numériques» pour sauver les médias traditionnels

Des «éditeurs d’idées numériques» pour sauver les médias traditionnels

Par : HUB Institute
7 octobre 2013
Temps de lecture : 6 min
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La presse écrite vie depuis une douzaine d’années la plus grande crise de son histoire, ce qui l’oblige à repenser son modèle industriel et économique. Tandis que certains titres comme La Tribune abandonnent le papier par obligation, pour se concentrer exclusivement sur le web, d’autres groupes média ont décidé de ne pas subir le numérique et d’en faire un atout. Il y a 2 ans, nous raisonnions en médias traditionnels et digitaux, ce qui incitait alors les acteurs "classiques" à combattre le numérique, plutôt qu'à l'intégrer. Aujourd'hui, vies IRL et URL se rejoignent et le consommateur interagi indifféremment avec tel ou tel support, numérique ou non. Il n'y a plus de média digital, mais des médias dans une sphère digitale. De l’acquisition du Washington Post par Jeff Bezos, fondateur du géant numérique Amazon, à l’enseignement du web social en Ecole de Journalisme, en passant par la création de laboratoires R&D au sein de groupes médias, force est de constater que pesse et numérique sont en train de trouver un terrain d’entente.

LES LABS FLEURISSENT DANS LES GROUPES MÉDIAS

L'avènement du numérique a engendré une recrudescence de labs de R&D chez les médias. Il s'agit d'un moyen accessible aujourd’hui pour démontrer une dynamique, une réactivité dont les entreprises media n’avaient pas besoin jusqu’à maintenant. Notons toutefois qu'il y a une différence fondamentale entre une activité digitale et un lab. Ce dernier n'obéissant à aucune obligation de production. Le Lab est aussi une très belle référence d’engagement, même modeste, dans la recherche. Les groupes médias traditionnels en ont besoin car la presse n’a toujours pas trouvé de modèle économique dans le digital. A la différence des marques telles que Pernod Ricard, Nike ou Coca Cola, les médias commencent tout juste à investir dans la recherche et développement autour des outils numériques. C’est notamment le cas de Prismalabs créé en 2010. Prismalabs est une entité bien établie aujourd’hui dans le Groupe Prisma Media, avec un grand nombre d’activités d’information et d’accompagnement interne comme externe. C’est un passage obligé sur le développement, les contacts, les expériences et les échanges autour du fond de commerce du groupe : le contenu éditorial. Ses équipes travaillent en ce moment avec Google, la WAN – Ifra (World Association of Newspapers and News Publishers), ou bien encore Apple sur l’intégration de notre savoir-faire éditorial. Le lab est également une belle vitrine utilisée dans les conférences et présentations. Depuis maintenant 3 ans, ce laboratoire à idées s’engage à respecter deux fondamentaux : - accompagner les salariés du groupe Prisma Media à la culture digitale - Inventer le magazine numérique à travers un projet d’entreprise baptisé “New World” qui a comme objectif de donner la possibilité à une rédaction «print» de produire du numérique sur des supports comme la tablette Malgré un regard de bienveillance de son actionnaire (G+J à Hambourg) et le soutien de la direction générale, Prismalabs est une entité totalement autonome. «Nous avons très vite acquis une liberté que nous avons nommé le droit à l’erreur. Le métier d’une DSI, historique ou digitale est de produire. Peu ou pas de temps pour chercher, essayer, adapter, se tromper… Le Lab répond notamment à cette problématique» explique Franck Barlemont, directeur de Prismalabs.

CES LABS POUR MÉDIAS DOIVENT ENCORE TROUVER LEUR PLACE

La structure de Prismalabs n’est pas permanente, puisqu’elle n’a pas de salariés dédiés. Chaque collaborateur du groupe y vient comme il le sent, dans une liberté et un échange total. Elle est animée par des techniciens (DBA, réseau, développeur, graphiste) mais aussi des directeurs artistiques, rédacteurs en chefs, des publicitaires, et même le directeur général du groupe qui donne un regard nouveau et utile sur des idées simples. Chaque année deux à trois innovations sortent de ces labo’, toutefois Prismalabs n’invente rien réellement, elle utilise plutôt avec bon sens les technologiques actuelles pour le Groupe Prisma Media. « De PrismaBox, à PrismaData, PrismaReport, PrismaBI, PrismaGlass et PrismaNow, nous avons établi un catalogue des produits et solutions que nous avons mis en production » rajoute Franck Barlemont». Dernièrement, Prismalabs a ainsi lancé une réflexion autour de son contenu et des Google Glass. Un vrai potentiel pour nous car il s’agit de délivrer la bonne information au bon moment à la bonne personne. Nous en sommes capables. A suivre... glass Comme tout espace dédié à la prospective, Prismalabs réalise une revue de presse , que je vous conseille d’ailleurs de lire sur Facebook ou Twitter.

ANTICIPER L’AVENIR AVEC LE PROJET «NEW WORLD»

L’objectif de Prismalabs consiste donc à imaginer, puis expérimenter les leviers et technologies d’avenir qui permettront à ses supports de prospérer, ou du moins, de se réinventer. Pour y parvenir le projet editorial «New World» se concentre sur deux éléments capitaux. Tout d’abord, la motivation des équipes qu’elle se doit de faire évoluer, pour changer de méthode de travail à l’heure du numérique. Elle concentre aussi ses efforts sur les données structurées et non le big data qui selon son directeur est une création marketing pour masquer les choix hétérogènes d’une DSI ou de l’organisation floue de l’entreprise. À la vue des nombreuses visites de groupe de presse français et étrangers au sein de Prismalabs, ce projet me semble être sur la bonne voie.

LE NUMÉRIQUE RESTE LE «MEILLEUR ENNEMI» DE LA PRESSE

Pour Franck Barlemont cette avancée significative ne résoudra pas pour autant tous les problèmes, notamment interne, qui existent dans toutes les rédactions. «Il y a évidemment complémentarité sur le contenu et le support mais ce sont les équipes qui sont encore en concurrence.» Les rédactions ne veulent pas se mélanger (c’est de moins en moins vrai) et les organisations des entreprises séparent la technique, le marketing et la publicité du print et du digital. Il semble donc y avoir un véritable problème dans la transition que l’industrie de la presse vit. «Nous perdons du temps. Nous perdons de l’argent...» assure le patron du Prismalabs. Tout n’est pas réglé chez Prisma Média, mais le groupe avance dans le bon sens et aujourd’hui ses rédactions de plusieurs titres sont en mesure de produire du print, du web et de la tablette, sans assistance technique. Il paraît même que plusieurs applications tablettes à valeurs ajoutées seront disponibles avant la fin de l’année... A suivre. Pour conclure, retenons de cette rencontre avec Prismalabs ces quelques mots de Franck Barlemont «Nous sommes en mesure de redonner la liberté de création aux rédactions. C’est une grande satisfaction et une grande réussite. PrismaLabs est devenu un éditeur d’idées.» La révolution est en marche !
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