Interview avec Robert Tercek : Comment faire face à la dématerialisation de notre société ?

Par : HUB Institute
3 novembre 2015
Temps de lecture :
8 min
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A l'occasion du HUBFORUM Paris 2015, Robert Tercek (President & Founder, General Creativity Consulting), s'est entretenu exclusivement avec le HUB Institute pour nous livrer les tendances à suivre et ses conseils pour faire face au processus de "vaporisation", phénomène qui touche de plus en plus de secteurs d'activité. Comment réagir et s'adapter en interne face à la montée de la dématérialisation ? Comment gérer la digitalisation et l'externalisation de l'information ?
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Le HUB Institute : Bonjour Robert, vous êtes l’un des experts clés du digital et des médias et vous lancez votre nouveau livre : Vaporized: Solid Strategies for Success in a Dematerialized World.
Qu'est-ce qui vous a amené à écrire ce livre?
Robert Tercek : En effet, je suis ici pour parler de mon livre Vaporized (Vaporisé). Je suis ravi de l'avoir publié, c’est mon premier livre. Vous savez, je travaille avec des clients partout dans le monde. La plupart sont des entreprises qui ne sont pas si « intelligentes » en termes de médias numériques. Ce sont de nouveaux arrivants face aux médias numériques. Ils peuvent avoir une équipe digitale ou une équipe de marketing qui comprend le digital, mais plusieurs PDGs m’ont dit : "j’ai besoin d'un livre à donner à l'ensemble de mon entreprise". Et ça c’est vraiment intelligent de leur part parce que le digital est en train de pénétrer chaque partie de l’entreprise et commence à transformer l'ensemble de l'entreprise. Ce n’est donc pas un travail, une responsabilité qu’on peut donner à un seul département, peut-être le département marketing ou sur le département web ... Maintenant, c’est un enjeux pour tout le monde dans l'entreprise, de comprendre et d'intégrer le digital dans leur flux de travail. J’ai donc écrit ce livre pour aider mes clients à comprendre la situation et pour donner quelque chose à comprendre à leurs équipes.Le HUB Institute : Quelles sont les grandes tendances que vous anticipez dans les années à venir ?
Robert Tercek : La plus grande tendance que je vois c’est la dématérialisation, c’est à dire quand on substitue de l’information pour des choses physiques. On dirait une idée folle mais, en fait, on le fait tous les jours. Chaque personne avec un Smartphone a maintenant l’habitude de télécharger des applications sur leurs téléphones, et ces applications représentent des choses qu’on achetait auparavant en tant que produit physique – un ordinateur portable, ou peut-être un livre ou un magazine, des photos d’un appareil photo ... Nous n’achetons plus ces choses, et leurs ventes ont chutés de façon spectaculaire depuis que les gens se sont déplacés vers les téléphones mobiles et surtout les Smartphones modernes. Il y a près de 3 milliards de personnes sur la planète qui utilisent les Smartphones. On prédit que d'ici la fin de la décennie, ça sera entre 5 et 7 milliards de personnes : presque tout le monde sur la planète auront un Smartphone. Et quand cela arrivera, des industries entières vont être dévastées. Les entreprises vont devoir trouver un moyen de se réinventer et devenir pertinent. Elles vont devoir commencer à se considérer comme des sociétés de logiciels et elles vont devoir arrêter de penser en termes de produits physiques et commencer à penser à des services numériques qui peuvent être fournis à quiconque dans le monde entier sous forme d’application mobile. C’est une transformation énorme ! Ça ne se limite pas aux entreprises de médias, comme des livres, magazines et journaux ... Bien sûr, ces entreprises sont en train de changer, cela va de soi, mais ça arrive aussi aux constructeurs automobiles, aux écoles, notre système d'éducation et on va donc voir une vague de transformation qui finira par toucher le gouvernement aussi et, franchement, j’ai hâte !Le HUB Institute : Comment voyez-vous l'avenir des médias ?
Robert Tercek : Les premières entreprises qui ont été transformées par ce processus de dématérialisation ont été les médias, notamment l'industrie de la musique, mais également l’impression. En fait, la transformation de l'impression a commencé beaucoup plus tôt avec l'éditique de sorte que les processus de composition ont été dématérialisés - ça a était l'une des premiers les choses à changer. Bien sûr, ce qui change en ce moment c’est l'industrie de la télévision et je pense que l'industrie n’a pas tout à fait conscience du fait que les clients ont migré vers les Smartphones, tablettes et autres appareils numériques et ils préfèrent regarder la vidéo là. Mais quand les consommateurs regardent des émissions sur un appareil numérique, ils c’est d’une manière complètement différente que ce qu'ils font quand ils sont assis sur un canapé et regardent la télévision. Ils sentent qu'ils ont plus de contrôle, ils peuvent regarder la TV à leur façon, partout, où ils veulent, quand ils veulent... Ils ne sont pas obligés de s'asseoir en face d'un téléviseur à un moment précis ou obtenir l’émission via un seul service auquel ils souscrivent. Ces changements de comportement sont des changements radicaux. Pendant de nombreuses années, je veux dire 50-60 ans, les sociétés de télévision ont eu un public captif dans le salon et elles n’ont pas vraiment eu l'habileté de penser tellement en termes de public. Elles ont pas eu à réfléchir en termes de public parce qu'elles ont été en mesure de les contrôler (les forcer peut-être) pour regarder la télévision selon leurs conditions. Donc ce que les appareils numériques font c’est nous donner la possibilité de contrôler les médias, gérer les supports, consommer comme on veut et même contribuer aux médias de manière significative. On peut répondre à nos émissions vidéo, on peut en parler à nos amis, on peut les partager avec nos amis, créer nos propres playlistes ... Donc je pense que c’est en fait une opportunité majeure pour les médias de se réinventer et se réinventer selon le schéma d’une entreprise "consumer-facing", une entreprise qui répond aux clients, anticipe leurs besoins et leur donne ce qu'ils veulent. Maintenant la chose intéressante, c’est que les entreprises qui sont les plus douées pour ça, ce ne sont pas des sociétés de télévision mais les chaînes YouTube. Les stars de YouTube ne font pas des émissions exceptionnelles, si on les compare à la télévision, la qualité n’est pas aussi bonne ... mais ils engagent leurs fans et leur public à un niveau que les sociétés de télévision ne peuvent même pas imaginer ! Ces gens sont des fous des médias sociaux, de l'engagement social et, par conséquent, ils ont des fans extrêmement fidèles. Donc, aujourd'hui, quelqu'un comme Pewdiepie, un vloggeur suédois, a plus de 35 millions d'abonnés à sa chaîne YouTube et son clip typique sera vu 1-5 millions de fois. Il obtient une audience comme un réseau de diffusion ! En fait, supérieur aux plus grands réseaux de diffusion. Un mec dans un appartement à Londres peut commander un public mondial et il n’est pas le seul. Il y a littéralement des milliers de stars YouTube qui ont des audiences dans les millions !Le HUB Institute : Quels autres conseils donneriez-vous aux médias et aux annonceurs pour ne pas être « vaporisés » ?
Robert Tercek : Les deux conseils que j’ai pour les entreprises qui pensent qu’elles vont devoir faire face à ce processus de vaporisation ou de dématérialisation : La première chose qu'ils ont à faire, c’est de reconsidérer ce qu'ils font réellement et vraiment méditer sur ça, se concentrer dessus, réfléchir, examiner leur entreprise et se demander : quelle partie de mon entreprise est de l'information ? Est-ce que l'information est dans mon produit ? Est-elle dans mon processus ? Est-ce qu’elle est dans les têtes de mes employés ? Il y a de l’information dans tout ce qu’on fait. Ce que les sociétés d’information / de technologie sont en train de faire, c’est de trouver un moyen de retirer cette information d’un produit physique et la distribuer librement sur Internet où elle prend vie. Les entreprises peuvent le faire elles-mêmes et ainsi avoir une longueur d'avance. Dans mon livre, je donne de nombreux exemples d'entreprises qui font ça avec succès, des entreprises qui trouvent un moyen de déverrouiller l'information qui est figée dans un produit physique ou dans un processus. Donc c’est une stratégie que je recommande. La seconde chose, c’est que toute entreprise va devenir une entreprise de logiciels. Ça me semble très clair maintenant que la capacité à developper des logiciels, faire des logiciels, présenter vos produits sous forme de logiciels va devenir LA caractéristique décisive d’entreprises performantes. Soit une entreprise est douée pour ça, soit elle ne l’est pas. Aujourd’hui, trop d’entreprises externalisent le développement de logiciels ou travaillent avec des agences de marketing digital donc ils envoient une partie de leur activité à l’extérieur… Ces fonctions sont d’une importance vitale, les entreprises doivent les reprendre en interne et en faire le cœur de leur activité. Je pense donc qu’il faut commencer avec l’information et les logiciels : faites-en le centre de votre activité et tout le reste découlera de ça. [column width="three" position="first"]
Vaporized: Solid Strategies for Success in a Dematerialized World
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REPLAY DU HUBFORUM
Découvrez le replay de l'intervention de Robert Tercek au HUBFORUM Paris 2015 [button href="http://hubinstitute.com/2015/10/vaporized-solid-strategies-for-success-in-a-dematerialized-world-hubforum-replay/" target="" css_classes="tiny_button regular_text"]Voir le replay[/button][/column]Envie de nous partager vos insights ?