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“Celui qui manage, aujourd’hui, doit être un artisan de la conversation”

“Celui qui manage, aujourd’hui, doit être un artisan de la conversation”

Par : Ilana Caël
16 novembre 2017
Temps de lecture : 9 min
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Réactivité, agilité, excellent relationnel, management des millennials, intelligence émotionnelle et collective : le manager de demain a de nombreux défis à relever au quotidien. Véritable couteau suisse, il doit sans cesse se poser les bonnes questions pour mener à bien la conduite perpétuelle du changement.

 

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Réactivité, agilité, excellent relationnel, management des millennials, intelligence émotionnelle et collective : le manager de demain a de nombreux défis à relever au quotidien. Véritable couteau suisse, il doit sans cesse se poser les bonnes questions pour mener à bien la conduite perpétuelle du changement. Ces compétences ne sont néanmoins pas innées, le manager n’est pas un super-héros, il est avant tout humain. Au-delà de l’image idéale qu’on peut se faire du manager, le HUBKLUB RH & Leadership, organisé par Caroline Loisel, Emmanuel Vivier et Marion Letorey, a tenté de dresser un portrait exhaustif du personnage. 

Un contexte inédit : gérer le changement permanent

Comme l’explique Philippe Nassif, journaliste et écrivain pour “Philosophie Magazine”, le manager évolue dans un monde nouveau, volatile, complexe, ambigu... Il doit délaisser le modèle classique de management”. Effectivement, nous vivons dans un monde constamment en mouvement, fait de micro-tendances, où les modes se démodent, où les usages se réinventent en permanence au fil des évolutions technologiques et où les outils que l’on utilise aujourd’hui ne seront pas les mêmes que ceux de demain. Aujourd’hui, la mission du manager c’est la conduite perpétuelle du changement, avec la gestion des incertitudes qui vont avec. C’est en substance le propos de Philipp Schmidt, Chief Transformation Officer chez Prisma Media Solutions : Le manager doit gérer le quotidien avec la pression du haut et les incertitudes du bas”. Dans ce contexte, la valeur ajoutée du management naît de l’échange, de l’intelligence collective et de l’empowerment, et non plus des mécaniques de contrôle, questionnant la figure de l’autorité. Philippe Nassif, journaliste et écrivain pour "Philosophie Magazine".

La légitimité managériale ne repose plus sur l’expertise, mais sur le relationnel

Qu’on en juge avec cette récente enquête de Cegos (1) selon laquelle 54% des Millenials considèrent l’écoute comme la qualité la plus indispensable pour être un bon manager.  Or, ce ne sont pas des êtres à part, mais bien le reflet d'une société, dont la culture est amenée à se diffuser plus largement encore. Selon Philippe Nassif, “Le manager de demain est appelé à devenir un artisan de la conversation. Et d’appuyer le propos en rappelant l’étymologie du mot “conversation” : “Se tourner vers l’autre”. Philipp Schmidt complète : “Pour créer une culture favorable à la conversation - et créer in fine la confiance, il faut être explicite. Reste à garder l’équilibre et à ne pas tomber dans une trop grande proximité. Être proche, ce n’est pas être potes comme le souligne William Eldin, CEO de la start-up XXII : ”C’est une difficulté que l’on peut rencontrer en manageant des Millennials par exemple, entrer dans une relation ambiguë où l’on doit à la fois réussir à bâtir une relation de proximité et savoir expliquer les choses, lorsqu’elles sont mal faites, questionner et recadrer. Il faut savoir compartimenter (...)”. (1) “Les Millenials et le travail : l’entreprise au défi”, enquête de l’Observatoire Cegos, avril 2017.

 

Favoriser l’intelligence collective

A l’heure où l’entreprise se met en réseau et développe des modèles ouverts basés sur des logiques d’écosystème, l’intelligence collective est un facteur clé de succès pour trouver des relais de croissance et gérer le changement permanent. “La personne la plus intelligente qui soit ne peut pas tout voir et faire toute seule, il faut privilégier l’intelligence collective, c’est là une autre mission du manager”, commente le CTO de Prisma Média.  Le manager doit à tout à la fois gérer l’individuel et le groupe dans un fonctionnement de plus en plus décentralisé et désiloté. Le manager peut ici s’appuyer, par exemple, sur un trait culturel propre aux Millennials : si cette génération selfie est parfois qualifiée d'égoïste tant la mise en scène de soi s’est imposée comme une norme, ils se montrent à l’inverse de leurs aînés plus solidaires et ont, habitués qu’ils sont à vivre dans de multiples communautés, notamment numériques, un sens du collectif développé.  

Le manager de demain : un coach et un mentor

S’ils sont ultra-connectés 24h/24, les Millennials ont paradoxalement, comme l’ensemble des collaborateurs, un grand besoin de créer des relations dans lesquelles ils peuvent se sentir écoutés et soutenus. C’est pourquoi le manager de demain doit être, certes, un leader, mais avant tout un mentor. Sophie Barthélemy, directrice générale adjointe de Crazy Horse, a ainsi radicalement changé son approche managériale avec ses employées : “D’un management classique et hiérarchique avec les danseuses, je suis passée à un management d’expérience, de partage et d’inspiration. De fait, le manager adopte une posture de coach en aidant les collaborateurs à atteindre leurs objectifs. Il doit ainsi les écouter, les aider, les soutenir, les faire participer à la vie de l’entreprise et les responsabiliser. Dans le même temps, “Il a un rôle de mentor, de partage d’expérience en leur apprenant à manager eux-mêmes” souligne Rodolphe Pelosse, tirant les enseignements de son expérience passée de directeur général adjoint du Groupe Melty, le média jeune par excellence. [caption id="attachment_69802" align="aligncenter" width="431"] Table ronde composée de Sophie Barthélemy, Rodolphe Pelosse et William Eldin, animée par Caroline Loisel[/caption]

Focus sur une nouvelle population : les Millenials

On les dit exigeants et impatients, zappeurs et nomades : fervents adeptes du do it yourself et en quête de toujours plus d’horizontalité, les Millenials sont vus comme “difficiles à encadrer”. A rebours de cette perception quelque peu caricaturale, la matinée d’échanges organisée par le HUB Institute dans le cadre de son club et cycle de conférence dédiés au futur des RH et du leadership (cf encadré ci-dessous) montre une autre réalité, plus subtile et nuancée, et révèle surtout une jeunesse pétrie de paradoxes. Rétifs à l’autorité mais en demande d’écoute et de feedback ; individualistes et peu attachés à l’entreprise dans une optique de carrière mais sensibles aux opportunités et à leur évolution ; cultivant l’autonomie mais aussi en recherche de réassurance et de repères : les Millenials façonnent et se construisent leurs propres normes comme le montre l’étude d’Ipsos Connect et de Toluna commandée par le groupe TF1 l’an dernier : “Être jeune en 2016 : focus sur les 15-24 ans”.  

Comment les fidéliser ?

Selon une enquête menée par Cegos en 2017 sur les Millennials, « Si 58% se disent satisfaits de leur emploi actuel, 48% des jeunes sont pourtant prêts à le quitter à court ou moyen terme. On a parfois parlé de génération ‘zappeur’.  Les Millennials ne sont probablement pas des zappeurs proactifs. Ils sont sensibles à ce qui peut se présenter à eux et sont dans une nouvelle forme de contrat moral. Ils s’engagent si tout va bien mais sont aussi prêts à explorer d’autres perspectives si l’opportunité se présente. ». Ils sont également impatients et ont, par exemple, une culture du feedback court, quasi-immédiat. Pour les fidéliser, selon William Eldin, CEO de XXII, “Il faut non seulement être transparent mais les challenger en permanence, leur confier des projets excitants, les faire se sentir bien et utiles dans l’entreprise en leur donnant la liberté de prendre des décisions”. Il ne faut néanmoins pas sectoriser et "communautariser" les Millenials, ils ne sont que les porteurs d’un courant de société nouveau qui se diffuse peu à peu dans toutes les strates de la population. [caption id="attachment_69796" align="aligncenter" width="720"] Julie Layani et Elise Goldfard, fondatrices de FRAÎCHES by Minutebuzz[/caption]

Vers un modèle “d'entreprise libérée” et “d’auto-management” ?

C’est le cas chez Minutebuzz, Julie Layani et Elise Goldfard, à l’origine du média FRAÎCHES, exposent le principe de “l’entreprise libérée”, où il n’y a pas de manager, où tout le monde se responsabilise et où chacun a son domaine d’activité et essaie de l’exploiter au maximum. De plus, tous les collaborateurs ont une transparence totale sur les comptes et les budgets de l’entreprise, chacun peut faire des propositions, etc. Le management vertical qui a bien fonctionné pendant plusieurs années a désormais laissé place au management horizontal, qui tend lui-même vers un nouveau modèle d’auto-management. Enthousiasme, humilité, remise en question permanente, leadership empathique… les qualités humaines sont au coeur d’un management efficace. L’intelligence émotionnelle semble bien s’imposer comme le premier des atouts d’un bon manager. Et le leadership s’apprend : “La formation au métier de manager passant par le coaching est un vrai ‘cadeau” mais, parce qu’il coûte cher, il reste mal vu en France”, conclut Philipp Schmidt. [caption id="attachment_69798" align="aligncenter" width="810"] Philipp Schmidt, Chief Transformation Officer chez Prisma Media[/caption]



Inventer le manager de demain”, deuxième opus du HUBKLUB RH & Leadership

Après s’être penché sur “Les résistances au changement” en septembre dernier, le cercle d’échanges HUBKLUB RH & Leadership* a de nouveau réuni sa communauté de décideurs RH (DRH, responsable de la formation...) au sein du HUB LAB. Le sujet de cette seconde matinée professionnelle : “Inventer le manager de demain”. Pour ce faire et aborder cet enjeu dans toute sa diversité, le HUB Institute a choisi de donner la parole à quatre entreprises aux cultures radicalement différentes : le groupe média Prisma Média avec Philipp Schmidt, Chief Transformation Officer, le pure-player d’infotainment Melty avec Rodolphe Pelosse ex-directeur général adjoint du Groupe, le sulfureux cabaret parisien le Crazy Horse avec Sophie Barthélemy directrice générale adjointe, la jeune start-up XXII et son CEO William Eldin, et enfin les fondatrices de FRAICHES by Minutebuzz Julie Layani et Elise Goldfard. Sans oublier Philippe Nassif, journaliste et écrivain pour “Philosophie Magazine”. *Le HUBKLUB RH & Leadership est un cercle d’échanges voulant contribuer à remettre l’humain au coeur des projets de transformation digitale/business. Ces événements s’adressent au trio de l’accompagnement humain dans un projet de changement : RH, Digital & Management. Il est organisé par Emmanuel Vivier, co-fondateur du HUB Instiute, Caroline Loisel, consultante senior en transformation digitale et Marion Letorey, consultante senior Digital Learning. Si cet article vous a intéressé, n’hésitez pas à vous inscrire au HUBDAY Future Of Work, qui reviendra le temps d’une demi-journée le 22 novembre prochain au MEDEF, sur les thématiques du futur du travail.

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Ilana
Caël
Community Manager

Ilana est Social Media Manager, elle est en charge de la stratégie de communication sur les réseaux sociaux du HUB Institute, mais également de sa mise en place. 

Étudiante à l'EFAP Paris, elle a décidé de se spécialiser en marketing digital en intégrant le MBA Digital Marketing & Business de l'EFAP, co-crée avec le HUB Institute.