Grâce à l’éco-conception, les collectivités locales peuvent réduire leur impact environnemental lié au numérique

Face aux défis environnementaux et à une réglementation toujours plus précise, les collectivités locales doivent trouver des solutions pour réduire leur empreinte carbone. L’éco-conception vise à rallonger la durée de vie des produits et services numériques mais aussi à réduire leur consommation en énergie. Elle représente une option à la fois économique et efficace pour les collectivités dans la réduction de leur impact environnemental lié au numérique.
L’impact environnemental du numérique est aujourd’hui avéré. Selon une étude du Think Tank the Shift Project, il représenterait 4% des émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial, soit autant que l’ensemble du transport routier sur l’ensemble de la planète.
Les collectivités locales comme de nombreuses entreprises publiques et privées ont la capacité de mettre en œuvre des politiques volontaristes et à entraîner les citoyens dans une dynamique positive. Urbanisme, mobilités, développement des énergies renouvelables ou encore gestion des déchets, elles disposent de nombreux leviers pour agir et sont encadrées par une législation de plus en plus précise sur le sujet.
Un cadre législatif pour accélérer les ambitions des territoires
En France, le gouvernement a mis en place un cadre législatif ayant pour but d’accélérer les ambitions des territoires pour la transition écologique. Depuis 2020, ce cadre législatif s’est renforcé avec la loi AGEC qui impose aux collectivités d’acquérir un minimum entre 20 et 40% de fournitures issues du réemploi, de la réutilisation ou comportant des matières recyclées. S’y ajoutent la circulaire pour des services publics éco-responsables, la feuille de route numérique et environnement, et enfin la Loi REEN qui impose aux collectivités de plus de 50 000 habitants de définir “une stratégie numérique responsable qui indique notamment les objectifs de réduction de l’empreinte environnementale du numérique et les mesures mises en place pour les atteindre”.
Ils doivent élaborer un programme de travail contribuant à l'élaboration de la stratégie au plus tard le 1er janvier 2023. La stratégie numérique responsable devra faire l'objet d'un bilan annuel. L’échéance est fixée à début 2025 avec un premier point de passage en janvier 2023. Un décret du 29 juillet dernier précise le contenu de cette stratégie numérique. Elle comprend les objectifs de réduction de l’empreinte numérique du territoire concerné, les indicateurs de suivi associés à ces objectifs et les mesures mises en place pour y parvenir, et détermine les moyens d’y satisfaire. Les objectifs de cette stratégie peuvent notamment porter sur :
- La commande publique locale et durable, dans une démarche de réemploi, de réparation et de lutte contre L’obsolescence ;
- La gestion durable et de proximité du cycle de vie du matériel informatique ;
- L’éco-conception des sites et des services numériques ;
- La mise en place d’une politique de sensibilisation au numérique responsable et à la sécurité informatique à destination des élus et agents publics ;
- La mise en place d’une démarche numérique responsable auprès de tous afin de sensibiliser les citoyens aux enjeux environnementaux du numérique et de l’inclusion numérique ;
- La mise en place d’une démarche de territoire connecté et durable en lien avec une démarche d’ouverture et de valorisation des données.
L’éco-conception : des bénéfices multiples pour les collectivités territoriales
Pour atteindre ces objectifs, les collectivités territoriales doivent mettre en place des stratégies de développement durable. Elles peuvent notamment développer des applications web et mobiles plus légères et moins gourmandes en énergies, qui permettent de rallonger la durée de vie des équipements.
L’impact environnemental réside principalement dans les équipements et bien au-delà des data centers. Les logiciels et la manière dont ils ont été conçus sont un facteur clé de l’impact environnemental
- Nicolas Eono, Responsable de l’offre d’éco-conception chez Orange Business Services
En effet, selon le collectif GreenIT, l’impact environnemental du numérique est principalement produit par les équipements utilisateurs (62%), devant les réseaux (20%) et les datacenters (18%). Les applications et leurs besoins en ressources qui augmentent à chaque nouvelle version incitent les organisations comme les particuliers à renouveler leur terminaux fixes ou mobiles. “En 20 ans, les différentes versions de Microsoft Excel ont nécessité un ordinateur 171 fois plus puissant” rappelle Nicolas Eono. Les terminaux plus puissants consomment à leur tour plus d’énergie et des ressources pour leur fabrication (au déballage 80% de l’empreinte environnementale d’un smartphone a déjà été réalisée), mais aussi lors de leur utilisation et de leur recyclage en fin de vie. Une partie de ces équipements nécessitent également des besoins en refroidissement, ce qui consomme également de l’énergie.
L’éco-conception une solution avantageuse pour les collectivités
Faire l’effort d’utiliser des applications plus légères permet de réduire son empreinte carbone (jusqu'à 63% d'après une étude Green Concept de la Région Occitanie). D’abord, car elle permet une réduction de la consommation d’énergie : plus simple, elle comporte moins de lignes de code, et donc sollicite moins de ressources mais demandera aussi moins de maintenance. Ensuite car elles nécessitent moins d’appels réseau et donc moins de données provenant du Cloud. Les applications éco-conçues, se limitant à leur fonctions essentielles, permettent aussi un temps de chargement réduit et procurent souvent une expérience utilisateur plus fluide ce qui réduit la fracture numérique. Ce modèle vertueux, s’il permet dans un premier temps de répondre aux exigences législatives, est à la fois bon pour l'image des collectivités et pour leur portefeuille. Une stratégie de numérique responsable visant à optimiser l’utilisation des ressources, elle limite également les dépenses inutiles.
Un accompagnement pour accélérer l’intégration de l’éco-conception
Pour intégrer au mieux les bonnes pratiques de l’éco-conception, il est possible de mettre en place un accompagnement des équipes. C’est ce que propose Orange Business Services, “Nous avons monté le pôle éco-conception il y a 2 ans sur la base d’une initiative salariée” explique Nicolas Eono. Selon le responsable eco-conception d’Orange Business Services, les sessions d’accompagnement permettent d’être plus efficaces dans le déploiement d’une stratégie d’éco-conception. Elles s’organisent autour de trois étapes principales :
- La sensibilisation des équipes afin que chaque collaborateur soit acteur de la démarche. Solliciter le renfort d’un expert pour accompagner vos équipes sur le terrain peut leur permettre de démarrer sur de bonnes bases.
- Évaluer la démarche d'éco-conception : en s'appuyant sur une stratégie de test et des outils de mesure, les équipes peuvent évaluer le niveau d'éco-conception d’un projet en utilisant un référentiel reconnu, comme le Référentiel Général de l'Éco conception des Services Numériques (RGESN) et peut être mettre le lien.
- Développer à l’échelle de la collectivité : une fois la démarche validée sur un projet pilote, elle peut être systématisée dans une logique plus industrielle.
Aujourd’hui, le pôle a intégré le service digital & data qui regroupe 4000 collaborateurs, et le marché n’en est qu'à ses débuts. “Plus nos clients exigent l’éco-conception, plus nous allons grandir sur ce sujet” conclut le responsable eco-conception d’Orange Business Services. Il en sera de même pour le marché.