La Société du Grand Paris modélise l'Ile-de-France en 3D avec Systra | HUB Institute - Digital Think Tank
Contexte
200 km de lignes automatiques - soit autant que le métro actuel -, 68 nouvelles gares, 2 millions de voyageurs quotidiens attendus, 39 milliards d'euros d'investissement… Le Grand Paris Express (GPE) est sans conteste le plus grand projet urbain d'Europe.
Au 1er juillet 2019, plus de 6 400 personnes travaillaient sur les quelque 130 chantiers actifs sur toute l'Ile-de-France et une quinzaine de tunneliers étaient à l'œuvre. Dévoilé en 2009, ce programme pharaonique s'étalera au-delà de 2030.
Idée
Chargée de concevoir et réaliser le GPE, la Société du Grand Paris (SGP) a souhaité, dès la fin 2014, disposer d'une maquette numérique de l'ensemble du territoire francilien (12 000 km2) intégrant le tracé du futur métro, les infrastructures associées et les 140 km² d'aménagement urbain à proximité des gares. Soit un million de bâtiments modélisés en 3D.
Moyens
Le projet s'appuie sur le concept de CIM (City information modeling). Il associe les données terrain du SIG (Système d'information géographique) à celui du BIM (Building information modeling) qui reprend, lui, les caractéristiques physiques, techniques et fonctionnelles d'une infrastructure. Le CIM peut aussi intégrer des données modélisées agrégées et des données temps réel.
Le CIM permet de prévoir les interactions d'un bâtiment avec son environnement et d'envisager différentes hypothèses d'aménagement urbain. Après consultation, c'est le groupement Prométhée, composé des sociétés Vectuel (communication de projet), Magellium (SIG) et Systra (BIM), qui a été retenu.
Résultats
Le CIM répond à plusieurs vocations. Il permet tout d'abord de coordonner les multiples intervenants sur les chantiers : collectivités locales, aménageurs, urbanistes, architectes. Avec cette maquette 3D collaborative, ils partagent la même information et viennent l'enrichir.
"Cet environnement commun de données accessible à un grand nombre d'acteurs en lecture, mais aussi en alimentation de données, induit des enjeux d'articulation et d'interopérabilité", estime Sylvie Cassan, Directrice Commerciale France de Systra. À la SGP de gérer ces enjeux de gouvernance et de gestion des droits. Elle a notamment édicté les principes de conventionnement pour les acteurs susceptibles d'intégrer leurs données au CIM.
Le CIM est un outil d'aide à la décision pour les municipalités, les collectivités locales ou les comités de pilotage d'Ile-de-France mobilités. En simulant différents scenarii, ces décideurs optimisent l'emplacement du mobilier urbain ou d'un parking, se projettent sur des programmes immobiliers connexes. Des élus peuvent, par exemple, souhaiter orienter leur plan de mobilité afin de favoriser la mobilité douce. Dans le CIM, l'aménagement urbain porte sur des centaines de mètres autour de la gare et du parvis.
"À la différence d'un bâtiment qui sort de terre en 18 mois, nous sommes sur un temps extrêmement long," rappelle Sylvie Cassan. "La SGP a travaillé sur la conception du GPE entre 2013 et 2017 et les premiers tronçons devraient être livrés en 2024. Pendant ce temps, la ville vit, des projets immobiliers émergent. La maquette permet d'anticiper et de visualiser les impacts en intégrant toutes les parties prenantes."
Enfin, le CIM sert de support de communication institutionnelle et événementielle. La SGP l'utilise sur des salons professionnels de l'immobilier comme le MIPIM ou le SIMI, mais aussi à destination du grand public. À La Fabrique du Métro qui a ouvert à Saint-Ouen, il y a deux ans, les visiteurs vivent une expérience immersive dans une salle en 3D stéréoscopique (réservation en ligne).
Le CIM permet à la SGP de produire elle-même des contenus pédagogiques multimédias (film, image 3D, bulle 360°) dédiés au creusement d'un tunnel ou à la construction d'un puits de sécurité. En revanche, la carte interactive proposée sur le site de la SGP n'est plus en 3D en raison du temps de latence que cela supposait.
"Les chantiers durent de 5 à 7 ans, avance Marc Demouveau, Directeur des systèmes d'information de la SGP. Pendant ce temps, les riverains du futur métro ont besoin de se projeter pour comprendre les mutations qu'ils sont en train de vivre."
Conclusion
La maquette n'est pas figée et intègre régulièrement de nouveaux rendus 3D. Le CIM a déjà intégré les sites des Jeux Olympiques de Paris 2024. Pour Marc Demouveau, "l'étape suivante consistera à s'immerger virtuellement dans l'intérieur des gares avant que celles-ci ne soient ouvertes physiquement." La première gare à être virtualisée sera celle de Créteil l'Échat.
Véritable jumeau numérique du Grand Paris Express, le CIM vit et grandit à son rythme. Il permet à toutes les parties prenantes des chantiers de se coordonner, mais aussi de se projeter dans un futur urbain encore à construire.
Crédits photos
1Société du Grand Paris / Dominique Perrault Architecture