Pour concilier écologie et croissance, les constructeurs automobiles misent sur les services
Au sein du Hall 7.3 du Mondial de l’Auto, l’événement Mondial.Tech est révélateur de cette évolution du secteur automobile vers les services et un écosystème plus ouvert : des acteurs aussi variés que Transdev, Nokia, Faurecia ou Altran y côtoient plus de soixante startups venues du monde entier, réunies autour des thématiques de la cyber-sécurité, de la connectivité, de l’écologie ou des services de mobilité.
Parmi les nombreux sujets abordés au cours de la première journée de Mondial.Tech, la difficulté pour les acteurs du transport et de la mobilité de concilier impératifs écologiques et développement économique. Les transports et les infrastructures qui les accompagnent sont des éléments fondamentaux de l’attractivité des territoires et une condition à la croissance économique, tout en étant aussi des sources non négligeables de pollution. Or, comme le soulignait Carlos Tavares, Chairman du Groupe PSA, à “Tomorrow in Motion” : “nous ne pouvons pas utiliser l’argument de la protection de la planète pour demander à des pays de ne pas se développer.”
Pour espérer résoudre cette équation, l’électrification de la flotte, la connectivité des véhicules et le développement du véhicule autonome sont mis en avant. Mais selon William Levassor, Autonomous Transport Systems Deputy Director de Transdev, la solution se sera pas uniquement technologique. “Ce ne sont pas ces technologies en tant que telles qui vont rendre l’automobile plus durable.” Il ajoute : “Si nous voulons construire un modèle durable dans la décennie qui vient, nous avons besoin de mieux gérer les flottes de véhicules en circulation, en intégrant des technologies et en faisant en sorte que les gens utilisent les services que nous proposons. C’est avant tout une question de modèle économique.”
Les constructeurs ont bien compris cet enjeu : pour trouver les modèles des services de mobilité de demain, ils expérimentent partout dans le monde, dans le cadre de partenariats locaux qui associent, en fonction des cas, collectivités locales, acteurs du transports collectifs, startups, équipementiers et/ou opérateurs télécoms. “Nous savons que le futur de la mobilité est dans le partage, mais jusqu'à présent, personne n'a résolu l'équation entre ce que les gens veulent et ce que les villes sont prêtes à mettre comme moyens sur la table. Il n'y a pas une unique solution qui convienne à toutes les situations” estime Jean-Christophe Labarre, Director, Innovation & Partnerships Alliance Venture (Renault-Nissan-Mitsubishi).
En France, Renault et Transdev mènent ainsi une ambitieuse expérimentation de véhicule autonome, à Rouen, depuis juin 2018. Quatre Renault Zoe sont disponibles à la demande, sur une boucle de trois kilomètres, sans voie dédiée. Les capteurs du véhicule et les bornes wifi en bord de route permettent de surveiller à distance leur bonne circulation, au sein du centre de contrôle qui gère déjà les feux et le tramway de la ville. En Chine, le Groupe PSA a pour sa part annoncé le lancement de son service Free2Move : une solution de car-sharing dotée de 300 véhicules électriques, conçue en partenariat avec le constructeur Dongfeng et la ville de Wuhan.
“Nous sommes en train de repenser la mobilité comme un service, pas seulement comme un produit” explique Eric Feunteun, Director Electric Vehicle and Car Sharing Program chez Renault. Une révolution qui aura des implications pour toute la chaîne de valeur automobile, de la production jusqu’à l’expérience utilisateur.
Le sujet de la mobilité durable, et beaucoup d’autres, seront abordés dans le FocusReport dédié à l’événement Mondial.Tech réalisé par les équipes du HUB Institute. Pour le recevoir gratuitement dès sa publication, c'est par ici.