Coronavirus et ville résiliente : les premiers enseignements de la crise
Dans les situations d’urgence, les villes et métropoles sont les mieux placées pour assurer la relation de proximité avec les citoyens.
D’une part, elles bénéficient d’un capital confiance auprès des populations, que n’ont pas les gouvernements centraux dans la plupart des cas, d’autre part elles peuvent prendre en compte les particularités de l’espace urbain (densité, inventaire des populations fragiles, etc.) qu’elles gèrent au quotidien. Enfin elles constituent une bonne échelle pour tester de nouvelles solutions.
Vincent Ducrey passe en revue les solutions mises en place, en particulier en Asie, dont certaines seulement sont applicables en France. En effet, les solutions de traçage imaginées en Asie (reconnaissance faciale avec un masque, QR code indiquant le statut du porteur, traçage dans les transports) sont contraires à nos standards de privacy. Mais certaines idées sont envisageables, comme un distributeur automatique de masques ou les techniques innovantes de nettoyage des transports (ozone, ultraviolet).
L’impression 3D s’est révélée un outil performant dans la crise. En Italie elle a permis la fabrication de valves pour les respirateurs. A Wuhan, elle a permis la construction, en moins de 2 heures par unité, de capsules d’habitation pour l’hébergement d’urgence ou l’isolation de malades non hospitalisés.
Les applications mobiles jouent également un rôle dans la diffusion d’une formation fiable (comme Singapour qui utilise WhatsApp ou la France qui utilise Facebook pour diffuser l’information gouvernementale au plus grand nombre), l’entraide entre citoyens, mais aussi dans le suivi de la maladie, au niveau national avec Covidum, mais aussi local, comme à Montpellier où le CHU avait développé sa propre application.
Les drones ont trouvé des applications multiples comme l’épandage de produits photo-sanitaires à la place des ouvriers confinés, et plus fréquemment la surveillance, comme à Nice qui teste actuellement le dispositif.
L’un des enseignements est également l’implication des entreprises dans l’urgence. Ainsi Dyson a développé en moins de 10 jours un prototype de respirateur et Air Liquide - PSA - Valeo et Schneider Electric se sont unis pour une production française rapide et massive.
Dans le domaine du retail alimentaire, les enseignes ont d’une part sécurisé au maximum les personnels, ont ménagé aux soignants des horaires et des conditions de livraison particulières, et ont conçu des offres pour les plus fragiles, comme les colis proposés par Carrefour et le groupe Casino, composés de produits équilibrés à prix fixe, livrés gratuitement aux clients les plus âgés.
L’OCDE analyse les capacités de réponse des villes développées
Dès le début de la crise, l’OCDE a mis en place une plateforme pour fédérer les ressources des gouvernements sur la gestion de la crise (cartes, statistiques, cas d’usage, etc.) qui réunit 25000 utilisateurs chaque semaine. Aziza Akhmouch partage donc une vision particulièrement documentée de la première phase de la crise.
Les villes ont organisé leurs actions autour de 6 axes : la conscientisation du public grâce à l’information, l’adaptation des espaces aux conditions de la distanciation sociale et du confinement, la sécurisation des lieux indispensables (service minimum de transport, désinfection des infrastructures urbaines), l'encadrement des groupes vulnérables, la continuité des services publics et enfin le soutien et la résilience économique.
2 chocs sont à suivre de près par les villes : d’une part la chute du tourisme, qui devrait atteindre - 70% en 2020, d’autre part le tissu local de PME, qui représente 99% des structures et 60% des emplois dans les pays de l’OCDE
Là où il y a crise, il y a apprentissage, et la crise en cours en apporte principalement trois : un, la réponse locale est très variable, non seulement d’un pays à l’autre mais aussi d’une ville à l’autre au sein d’un même pays. Deux, l’usage de la technologie (high et low tech) est massif, de la plateforme en ligne au big data pour appuyer les pouvoirs publics dans l'évaluation de la situation. Trois, quelle que soit la situation, la solution est toujours le résultat d’une collaboration entre organisations publiques, privées et associatives.
"Les fractures sont exacerbées avec la crise, fracture numérique pour ceux qui n'ont pas accès aux technologies, fracture territoriale entre zones rurales, péri-urbaines et urbaines, fracture socio-économique et générationnelle"
La sortie de crise nécessitera de combiner politique publique et responsabilité individuelle. Il faudra s'adresser au citoyen et non pas seulement au consommateur.
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Photo Michael Walter - unsplash