Contribuer à une économie régénérative et mesurer son impact
Les systèmes agroforestiers sont le premier outil de restauration de la biodiversité sur la chaîne de valeur. Stéphane Hallaire vient en partager les moyens d’action et les opportunités.
Retrouvez dès à présent l'intégralité des interventions de l'Impact Paris Summit !
Depuis 12 ans, Reforest’Action contribue à restaurer, protéger et créer des forêts dans le monde. Comment ? À travers 1300 projets répartis sur 23 000 hectares et opérés grâce à 3000 entreprises financeurs.
Pourquoi ce travail sur la forêt ? Stéphane Hallaire explique que la forêt est le socle du vivant : un écosystème laissé en libre évolution pendant des décennies amène l’émergence d’une forêt, qui permet de séquestrer le carbone, de filtrer l’eau et d’abriter 80% de la biodiversité terrestre. 50% du PIB mondial dépend d’ailleurs de la nature et des services écosystémiques. Cette prise de conscience de la dépendance de l’activité économique au vivant pousse à repenser l’approche RSE : au schéma classique des 3 cercles social, environnemental et économique, s’oppose un nouveau schéma, où une sphère écologique englobe la sphère sociale, qui elle-même englobe une sphère économique.
Si la RSE incite à réduire son empreinte et de contribuer à la neutralité carbone mondiale, ce n’est pas une fin en soi : il faudrait que nous cherchions à avoir une empreinte positive, et être régénératif en restaurant les écosystèmes sous-jacents à notre activité.
Aujourd’hui, les entreprises doivent accepter l’ambition de restaurer le vivant, d’avoir une empreinte positive et non pas juste de réduire la casse.
- Stéphane Hallaire, Founder & CEO (Reforest'Action)
La solution se joue en 2 étapes : d’abord l’action, en menant des projets régénératifs (stocker du CO2, améliorer la biodiversité, les paysages et les conditions de vie, filtrer l’eau, …), puis la démonstration de l’impact. En effet, les consommateurs reprochent souvent aux entreprises une surcommunication sur des actions à l’impact limité : la mesure de l’impact est donc primordiale.
La première matière première mondiale est aujourd'hui la confiance, qui passe par la mesure : il faut associer l’action à la mesure de l’impact, agir ne suffit plus.
Face à cette ambition, les entreprises peuvent se positionner selon leur activité :
- Celles en lien direct avec le vivant, dépendantes des matières premières, peuvent transformer leur chaîne de valeur pour y stocker du carbone. Au Mexique, des producteurs de vanille ont renforcé leur chaîne de valeur avec un projet régénératif d'agroforesterie, en plantant des arbres d’essence variés au sein des parcelles. Ce type de projet permet entre autres de diversifier la production fruitière, de pérenniser la production destinée à la vente et de redistribuer la richesse avec les populations locales.
- Celles proposant des services peuvent, elles aussi, viser la régénération. D'abord par un travail de réduction de leurs émissions et la contribution à la neutralité carbone mondiale par l'acquisition de crédits carbone venant de projets certifiés, comme en Afrique du Sud, où un projet a permis de restaurer une surface dégradée par le surpâturage en replantant des arbres, et ainsi de stocker du CO2 tout en promouvant un élevage de chèvres raisonné.
Reforest’Action s’appuie sur une variété d’indicateurs (carbone, biodiversité, sol, eau et impacts sociaux et économiques) pour évaluer les impacts de ses projets, optimiser la multifonctionnalité des forêts et assurer la résilience et la stabilité des écosystèmes. L’ambition est claire : ces projets doivent nous permettre de survivre au climat de 2100.