Quels leviers pour une énergie durable ?

Appel à la sobriété nationale, labellisation de deux nouvelles énergies durables, une nouvelle politique monétaire de la Banque Centrale Européenne et la renationalisation d’EDF… de nombreuses actualités seront au centre du Sustainable Energies Forum de ce 12 juillet 2022, souligne Vincent Ducrey, Co-fondateur et CEO du HUB Institute, rejoint sur scène par Anaïs Voy-Gilis, directrice associée de June Partners et chercheuse associée à l’Université de Poitiers sur des problématiques de réindustrialisation à l’échelle française et également autour des politiques publiques européennes.
Vous souhaitez approfondir les sujets liés aux énergies ?
Retrouvez dès à présent l'ensemble des replays du Sustainable Energies Forum !
Total Energies, EDF, et ENGIE appellent les français à la sobriété, en invoquant le risque de pénurie et de flambée des prix. Dans ce contexte, les médias ont leur rôle à jouer pour prévenir de ce risque prévu à l’hiver prochain. Le gaz et le nucléaire sont à présent classés comme durables, fruit d’une longue bataille entre les Allemands et les Français. Le contexte géopolitique a encouragé cette décision. Le BCE pénalise les entreprises les plus émettrices. Cette nouvelle politique se base sur trois critères : les émissions actuelles, les objectifs de réduction, ainsi que le reporting. C’est dans ce sens que les analystes du Hub Institute vont continuer d’accompagner les entreprises.
La taxonomie concerne beaucoup d’entreprises, mais pour certains cela n’est pas encore très clair. A l’échelle européenne, elle représente la classification des activités économiques en fonction de leur impact, favorable ou non, sur l’environnement. Il y a des activités qui vont se retrouver avec une contribution favorable à la lutte contre le réchauffement climatique. D’autres dites habilitantes vont accompagner d’autres activités dans l’atteinte de nos objectifs, et enfin un troisième type d’activités dites transitoires ne présentent pas d’alternatives.
Pourquoi déclarer le gaz et le nucléaire comme énergies transitoires ? Il y a eu des luttes assez fortes, notamment sur l’appréciation du nucléaire et de ses risques. Sur l’échelle européenne, nous avons eu des rapports de force entre différentes nations qui n’ont pas la même vision : l’Allemagne a une vision plus pro-gaz et contre le nucléaire et la France n’a pas joué son rôle pour reclasser le nucléaire alors qu'aujourd’hui il est prouvé qu’en terme d’émissions de CO2 il est tout à fait compétitif par rapport aux énergies renouvelables.
Comment accompagner ces enjeux autour des compétences associées à l’énergie ? Il y a une pénurie de compétences dans tous les secteurs industriels, mais elle est particulièrement prononcée à ce sujet. Réindustrialisation, électrification, de nouveaux procédés industriels pour la décarbonation… Il y a une prise de conscience sur le besoin d’augmenter nos capacités de production en électricité malgré des phénomènes d’efficacité énergétique. Nous allons donc avoir besoin de compétences diverses pour la construction de nouvelles centrales nucléaires, assurer le démantèlement d’autres, les activités de maintenance et de maintien à niveau des centrales existantes. Nous avons également besoin de compétences dans les énergies renouvelables, liées à leur fin de vie et leur recyclage qui est un sujet clé dont on parle assez peu. Plus largement, nous avons également des besoins dans l’efficacité énergétique, notamment face à cette pénurie à venir.
Peut-on inverser la tendance de désinstrualisation, rapatrier les usines et créer de l’emploi ? Il y a une question de volonté et de vision : on a tendance à confondre les buts et les moyens pour y arriver, maintenant l’acculturation se porte sur le pourquoi, au service de quel projet de société. Cette définition claire de la stratégie à adopter permettra d’atteindre notre but. Selon, Anaïs Voy-Gillis, la raison d’une nouvelle industrialisation de la France est peut-être mise en filigrane dans des projets comme France 2030 mais elle manque de clarté.
Aujourd’hui, la France veut devenir leader en hydrogène, mais dans quel sens? La production de l’hydrogène, les solutions ayant recours à l’hydrogène, etc. Cette position qui reste floue ne permet pas forcément de prendre les directions dont nous avons besoin
- Anaïs Voy-Gilis, directrice associée de June Partners et chercheuse associée à l’Université de Poitiers
En comparaison, la position allemande est beaucoup plus claire sur le rôle de l’industrie de la société: devenir leader mondial dans les technologies ayant recours à l’hydrogène. C’est un sujet clé pour des questions de balances commerciales mais aussi d’indépendances, et de redéveloppement des filières.
Vous souhaitez approfondir les sujets liés aux énergies ?
Retrouvez dès à présent l'ensemble des replays du Sustainable Energies Forum !