Le Green Climate Fund insiste sur la mise en place d'un nouveau paradigme résilient et bas carbone
Les fenêtres d’opportunités que nous avons pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris s’amoindrissent, s’alarme Yannick Glemarec. En 2021, la température moyenne mondiale était déjà de 1,1°C supérieure au niveau pré-industriel. La probabilité que nous dépassions le seuil de 1,5°C au cours des cinq prochaines années est maintenant de 50%.
Ce résultat entraîne une “injustice climatique criante et intenable”, affirme le directeur exécutif du Green Climate Fund. Selon lui, les habitants des pays en voie de développement sont touchés de manière disproportionnée par le dérèglement climatique. Ces pays ont contribué à une part négligeable des émissions de gaz à effet de serre. Ils vivent cependant les conséquences de plein fouet et ont moins de moyens financiers pour s’y adapter.
Les conséquences du dérèglement climatique affectent également les entreprises du monde entier. Elles devront se confronter à des événements météorologiques extrêmes, mais aussi aux risques liés à la transition des marchés, et à une demande moindre pour les produits et services à haute empreinte carbone et écologique.
Pour contrer le dérèglement climatique, il nous faut adopter des technologies et pratiques commerciales résilientes et à bas carbone.
- Yannick Glemarec, directeur exécutif (Green Climate Fund )
De nouvelles solutions existent et elles sont aujourd’hui économiques. Les coûts de l’énergie solaire photovoltaïque ont chuté de 85% au cours de la dernière décennie. A l’inverse, le prix des combustibles fossiles est similaire à ce qu’ils étaient il y a 140 ans. Les coûts des technologies d'énergies renouvelables et de stockage diminuent à un rythme de 10% par an. À ce rythme, ces technologies pourraient remplacer les combustibles fossiles d’ici 20 ans.
Pour que ces technologies continuent à se développer, il nous faut augmenter considérablement les investissements climatiques. Entre 1600 et 3800 milliards de dollars d’investissements par an seront nécessaires jusqu’en 2050 pour restreindre le réchauffement climatique au-dessous de 1,5°C. Entre 140 et 300 milliards de dollars seront nécessaires tous les ans pour s’adapter à l’évolution du changement climatique. Ces montants sont trois à six fois plus élevés que les investissements actuels.
Il existe de nombreux obstacles institutionnels, réglementaires, techniques et politiques à l’investissement climatique, en particulier dans les pays en voie de développement. Les partenariats publics et privés ont un rôle essentiel à jouer pour surmonter ces obstacles et combler les déficits de financement. Le Green Climate Fund investit dans des initiatives climatiques dans plus de 200 investisseurs publics et privés, et vise à accroître les investissements climatiques au travers de quatre grands volets de travail.
- Un environnement porteur : le fonds soutient le renforcement des capacités nationales et la formulation de stratégies et politiques de développement socioéconomiques et climatiques intégrées.
- Il accélère l'innovation climatique par l'investissement dans un incubateur pour le climat, grâce auquel il finance des jeunes entreprises qui développent des projets climatiques.
- Il réduit les risques des premiers investissements commerciaux dans de nouvelles solutions climatiques. Il établit des précédent commerciaux permettant d’estimer les risques des investissements climatiques et accélérer le développement de nouveaux marchés verts.
Il renforce la capacité des institutions financières des pays en voie de développement à intégrer les risques climatiques dans toutes leurs décisions financières.
Pour conclure, Yannick Glemarec rappelle que la transition vers la faible émission et la résilience au changement climatique nécessitera un nouveau paradigme. Celui-ci devra être capable de refondre le mode de fonctionnement des gouvernements, des entreprises et des sociétés.