Uber en route pour la révolution électrique

Alors que l'Europe travaille à réduire les émissions du secteur du transport, l'usage du véhicule électrique se démocratise de plus en plus, souvent porté dans nos villes par des fournisseurs de mobilité. Laureline Serieys, General Manager d'Uber France, nous a exposé les différents plans d'action de la plateforme pour accompagner ses chauffeurs et assurer la bonne transition à l'électrique de sa flotte.
HUB Institute : Les utilisateurs de VTC sont de plus en plus sensibilisés à la préservation de l'environnement, et se soucient de l'engagement des marques ; cela a-t-il accéléré la transformation du secteur ces dernières années ?
Laureline Serieys : D’après une étude menée par Harris Interactive pour Uber en septembre 2020, à la sortie du premier confinement, l’environnement apparaissait comme un sujet prioritaire pour 67 % des Français et se classait avant même le pouvoir d’achat.
Or, alors que nous avions lancé à Paris depuis 2016 Uber Green (qui permet de réserver une course avec un véhicule hybride ou électrique), cette option avait du mal à décoller alors qu’elle semblait alignée avec les attentes des consommateurs.
C’est à partir de 2020 que les choses se sont accélérées. Dans un effort pionnier dans le secteur du transport, nous avons fixé l’objectif d’atteindre zéro véhicule diesel en 2024 et 50 % de véhicules électriques en 2025 sur la plateforme.
Nous avons alors mis en place un Plan Mobilité Électrique pour mettre à disposition des chauffeurs 75 millions d’euros et les aider dans l’acquisition de véhicules électriques.
Concrètement avec ce plan, les chauffeurs accumulent 6 centimes par kilomètre roulé sur l’application - financés à parts égales par une hausse de prix côté passager et par l’entreprise - qu’ils peuvent utiliser quand ils le souhaitent pour acheter une voiture électrique.
Cette légère hausse de prix, mise en place à partir de janvier 2021, n’a pas été répercutée sur Uber Green pour encourager les passagers à utiliser cette option plus respectueuse de l’environnement.
Le résultat a alors été sans appel : en 2021, nous avons multiplié par 12 le nombre de courses réalisées en Uber Green.
Cela crée un effet vertueux pour l’ensemble du secteur :
- à la fois pour les passagers qui peuvent se déplacer plus économiquement et écologiquement ;
- pour les chauffeurs qui cumulent une aide financière pour acheter un véhicule électrique et qui reçoivent un nombre plus élevé de courses lorsqu’ils roulent déjà en hybride ou électrique ;
- pour les villes plus apaisées, agréables à vivre avec Uber qui continue de proposer une offre de mobilité partagée étoffée pour contribuer à l’attractivité et au dynamisme des acteurs économiques locaux.
Quels ont pu être au contraire les obstacles à cette transition ?
LS : Pour atteindre ces objectifs de 50 % de véhicules électriques sur notre plateforme en 2025 et zéro véhicule diesel en 2024, il faut répondre aux obstacles souvent cités par les chauffeurs : le coût et la disponibilité des véhicules ainsi que le manque d’infrastructures de recharge. En effet, les chauffeurs roulent environ 250 km par jour et la transition vers l’électrique ne doit pas se faire au détriment de leur rentabilité.
Nous avons donc construit un plan rigoureux pour lever les freins à cette transition.
Concernant l'acquisition d'un véhicule électrique :
- nous mettons à disposition des chauffeurs ce plan de 75 millions d’euros pour les aider à financer l’achat d’un véhicule électrique.
- nous avons également noué des partenariats avec des constructeurs automobiles comme Renault Nissan ou Hyundai pour que les chauffeurs aient accès à des voitures hybrides et électriques à prix réduits.
- nous proposons enfin aux chauffeurs VTC des solutions de financement clé en main pour l’achat de leur voiture électrique avec le Crédit Agricole car en tant qu’indépendants, ils rencontrent souvent des difficultés pour obtenir une solution de financement
Concernant le manque d’infrastructures, nous travaillons avec nos partenaires EDF et TotalEnergies pour :
- proposer des tarifs avantageux pour la recharge pour les chauffeurs, sur les réseaux disponibles sur la voie publique ainsi que pour les solutions de borne de recharge à domicile
- déployer plus de bornes de recharge, et surtout de manière plus équitable sur les territoires.

Qu'est-ce qui changera pour les usagers, mais surtout pour les chauffeurs, avec l'annonce d'Uber de sortir du diesel d'ici à 2024 ?
LS : Nous avons construit un plan de sortie du diesel volontairement progressif pour permettre aux chauffeurs actuels et aux nouveaux chauffeurs d’anticiper cette transition. L’objectif de zéro diesel en 2024 a été annoncé en 2020 et, depuis le 1er janvier 2022, nous avons enclenché une nouvelle étape décisive puisque plus aucun nouveau véhicule diesel ne peut s’enregistrer sur notre plateforme.
Pour accompagner les chauffeurs, nous avons redoublé d’efforts de communication et de sensibilisation, à la fois pour rappeler l’objectif de 2024 et surtout répondre à leurs questions. Nous organisons régulièrement des sessions de rencontres avec les chauffeurs partout en France dans nos centres d’accueil, des webinars avec nos partenaires ou des tests de voitures électriques. Nous venons enfin de mettre en place des partenariats de reprise de véhicules diesels permettant aux chauffeurs de pouvoir abandonner leur véhicule diesel au profit d’un véhicule Green pour un tarif avantageux.
Grâce à l’ensemble de ces actions, 95 % des chauffeurs se disent au courant du plan et nous avons constaté en 2021 une diminution progressive du nombre de premiers trajets en voitures diesel, c’est donc que les chauffeurs ont anticipé et qu’ils ont pu s’organiser en amont de cette échéance.
Les résultats sont d’ailleurs significatifs puisqu’en l’espace de 2 ans, nous sommes passés de 85 % à 63 % de véhicules diesel disponibles sur Uber. Nous sommes donc en route pour atteindre notre objectif de zéro véhicule diesel en 2024.
Après cette deadline à 2024, quelles sont les grandes lignes des prochains objectifs carbone d'Uber ?
LS : Notre objectif est d’atteindre 50 % de véhicules électriques en France en 2025, puis d’atteindre 100 % des trajets en véhicules électriques dans les villes américaines, canadiennes et européennes d'ici 2030. Enfin, au niveau mondial, nous visons 100 % des déplacements réalisés en véhicules à émissions zéro, en transports publics ou en micromobilité en 2040.
