2016. Walmart, géant mondial du retail entérine le rachat de Jet.com, une entreprise « digital native » créée en 2014 et spécialiste du e-commerce. L’ambition de Doug McMillon, dirigeant de Walmart depuis 2014 est alors très claire : « Going digital is a top priority ».

Comme de nombreux autres acteurs du retail, Walmart constate l’influence grandissante d’un nouveau concurrent, issu du digital, mais bien décidé à prendre un pied dans le « brick&mortar » traditionnel : Amazon. Il est donc temps d’entreprendre à son tour une transformation numérique à même de doper les performances de l’entreprise, mais aussi de proposer à la clientèle de Walmart de nouvelles expériences de consommation pour raviver l’attrait des enseignes commerçantes du groupe.

« Nos clients veulent absolument tout. Des bas prix, une expérience pratique, et des interactions sans coutures que ce soit au travers du canal digital qu’en magasin » témoigne Doug McMillon. « Dans ce nouveau contexte, tous nos employés, même ceux qui sont présents en magasin doivent être des technophiles ! »

Pourquoi est-ce important ?

Aujourd’hui, de nombreuses entreprises ont entrepris leur transformation digitale. Que ce soit pour une meilleure performance de leurs flux, ou bien une meilleure expérience de consommation, toutes ces entreprises se dotent de nombreux services applicatifs au service de leurs différents métier.

Du back au front office, de l’entrepôt aux magasins, de la supply chain aux équipes commerciales, chaque métier du retail a besoin d’outils applicatifs spécifiques. « Or tous ces outils du marché viennent avec leur propre infrastructure de données » souligne Jean-François Gomez, Industry Solution Executive – Retail, CPG and Consumer Market chez Microsoft. « C’est un peu comme s’ils manipulaient les mêmes informations, sans utiliser la même langue pour le dire. »

Ce mille-feuille applicatif, déjà très complexe à gérer pour les directions IT, est faiblement intégré et oblige les entreprises à s’adapter à de nombreux silos de données et à exploiter des formats d’informations qui ne sont pas optimisés pour leurs businesses.

Outre le rachat du canal e-commerce performant de Jet.com, ce que rachète Walmart c’est l’expertise technologique très avancée de l’e-commerçant, notamment en matière d’exploitation de la donnée. Jean-François Gomez analyse ainsi : « A cette époque, Jet.com est très en avance sur son temps. C’est une digital native qui construit l’ADN de son entreprise avec la donnée. Elle a su se doter d’un socle technologique très intégré, optimisé, en phase avec son cœur de métier. » Le spécialiste de Microsoft, qui est par ailleurs l’un des principaux partenaires de Walmart dans le développement de son socle technologique « data-driven », souligne notamment la base de données Cosmo DB exploitée par Jet.com. Celle-ci exploite « un modèle en graphe, permettant de créer de nombreuses corrélations et de générer de meilleurs insights par rapport aux modèles traditionnels et rigides en colonnes. »

Le rachat de Jet.com par Walmart est donc avant tout un moyen pour le second de faire un bond de géant dans sa transformation digitale en s’inspirant du travail d’optimisation que le premier a pu réaliser ; « en synchronisant parfaitement sa logique technologique et data-driven à l’ADN de son entreprise : celui d’un distributeur », explique Jean-François Gomez.

Comment faire de même ?

Si sur le court terme l’emploi de nouveaux outils métier peut doper les performances de l’opérationnel qui les utilise, sur le long terme la multiplication des silos de données ralenti les capacités d’innovation, l’agilité et l’adaptabilité des organisations.

Pour relever cette problématique, il faudrait théoriquement que chaque service applicatif de l’entreprise repose sur un modèle de données commun. Et pour ce faire, il faudrait que l’ensemble des éditeurs qui proposent ces applications sur le marché s’accordent pour employer le même modèle de données.

C’est ce à quoi s’emploie Microsoft en rassemblant de nombreux éditeurs dans le cadre de l’initiative Microsoft Cloud for Retail. « Cette dernière offre un écosystème autour d’un modèle de données commun, Open Source et disponible sur Github qui permet d’innover en capitalisant sur son legacy tout en projetant rapidement de nouvelles solutions » explique Jean-François Gomez. « Mais le plus important étant que les entreprises vont pouvoir le personnaliser pour y inscrire leur ADN. On doit pouvoir lire le modèle économique de l’entreprise dans son modèle de données. C’est un impératif à leur monde numérique ». Ce Common Data model sert de socle au travers un Dataverse à la Power plateforme, environnement low code. Cela illustre la proximité créée entre le modèle de données et les données aux métiers. Naturellement cette plateforme hérite des centaines de connecteurs déjà disponibles.

Pour le spécialiste, l’enjeu premier des entreprises du retail est ainsi de savoir se recentrer sur leur cœur d’activité. « Pour proposer de nouvelles expériences de consommation, ou tout simplement accroître leurs revenus, les entreprises ont toutes étendu leurs activités, proposant toujours plus de services. Toutefois, pour être en mesure d’optimiser leur socle technologique et leur patrimoine de données sans perdre leur identité, il faut qu’elles puissent maîtriser leur ADN au travers d’un modèle de données qui porte leur singularité. Savoir qui l’on est, connaître ses invariants et les projeter grâce à la donnée est un facteur clé de succès. » C’est avec cet objectif que Microsoft développe le Microsoft Cloud for Retail avec l’ensemble de ses partenaires. Afin que chacun puisse trouver des solutions dans le respect et la valorisation de son modèle de données et de ses données.”

Des propositions qui pourront être découvertes lors du Retail & E-commerce Forum & Meetings avec la présence d’acteurs tels que Kyndryl, Hitachi Solutions, Prodware, SES Imagotag, HSO, BlueYonder ou encore Calliope Business Solutions, aux côtés de Microsoft France.