2024 : l’intelligence territoriale pour des villes durables
Jeux de Paris : quel héritage ?
Un tournant pour la mobilité en Île-de-France
Avec une affluence quotidienne de près d’un million de visiteurs, les Jeux Olympiques et Paralympiques ont testé les capacités de l’infrastructure locale, tout en renforçant les initiatives de mobilité douce. À Paris, 60 kilomètres de pistes cyclables ont été créés pour relier les différents sites olympiques. À Saint-Quentin-en-Yvelines, plus de 6 500 déplacements à vélo et 30 000 trajets en trottinette électrique ont été enregistrés. Des innovations comme Urban Loop, un système de mobilité autonome, ont également fait leurs débuts.
Post-JOP, beaucoup de projets, d'arrêtés et de suggestions concernent la mobilité urbaine : la piétonnisation du pont d'Iéna et de la Place de la Concorde, la réduction de la vitesse sur le périphérique, le maintien des voies réservées aux officiels pour les dédier aux mobilités douces... Et certains soulèvent des controverses.
Ces annonces s'ancrent dans une vision de long terme pour un Paris plus durable, mais reflètent à nouveau le dilemme des grandes, vieilles villes, entre la nécessité de se moderniser et les réalités quotidiennes des habitants...
Vers une mobilité plus connectée et inclusive
En parallèle, la SNCF a joué un rôle clé dans la gestion de cet afflux de voyageurs, en s'appuyant sur des solutions numériques pour optimiser les trajets et améliorer l’expérience des usagers. L'intelligence artificielle a été déployée pour la maintenance prédictive, la gestion des flux en gare, et même l’automatisation des aiguillages. SNCF Connect & Tech, pionnier du e-commerce de la mobilité, a centralisé les informations sur une plateforme unique, facilitant l’accès aux transports pour les habitants et les visiteurs.
Ces initiatives visent à répondre à la demande croissante de mobilité durable, tout en intégrant des solutions inclusives et accessibles. L’adoption de technologies comme le "pay-as-you-go" de SNCF Tech & Conntect pour simplifier la tarification témoigne de cette volonté de moderniser les transports publics tout en réduisant leur impact environnemental.
Rénovation urbaine : vers un habitat social et éco-responsable
Le village olympique : un héritage durable
Avec 95% des sites déjà existants ou temporaires, l’impact carbone des Jeux de Paris a été limité, renforçant la durabilité de l’événement. L'héritage de ces JOP s'inscrit dans une continuité d'exemples internationaux, où certaines éditions passées comme Londres et Pékin ont réussi à réutiliser efficacement leurs infrastructures, contrairement à Athènes et Rio, qui peinent encore à rentabiliser les leurs.
Le village olympique en banlieue parisienne, qui sera en partie reconverti en logements sociaux, représente un héritage essentiel pour une ville où la demande excède l’offre, tout en posant les bases d’un habitat plus durable face à la crise immobilière.
Stratégies d'aménagement régionales
Ce défi d’aménagement dépasse Paris. Dans d'autres régions, comme la Loire-Atlantique, qui connaît la 4e plus forte croissance démographique de France, les territoires adoptent des stratégies pour anticiper l’afflux de populations actives et pallier le déficit structurel de logements. Le département, avec une population attendue à 1,6 million d’habitants en 2035, déploie une stratégie ambitieuse de densification foncière et de modernisation énergétique. Des initiatives comme EnergieSprong visent à isoler et rénover le parc social, avec l’objectif d’éradiquer les passoires thermiques d’ici 2030.
Autres modèles de réaménagement urbain
À Pontoise, le programme "Action Cœur de Ville" repense aussi l’urbanisme en priorisant, entre autres, la requalification des logements anciens. À Arras, la communauté urbaine investit 10 millions d’euros pour rénover des logements sociaux construits dans les années 50 à 70, freinant la paupérisation des quartiers et stimulant l’emploi.
Dans le Nord, la ville d'Arras, marquée par un important parc de logements sociaux, poursuit ses efforts de rénovation urbaine. Malgré une baisse du taux de logements sociaux depuis les années 90, la communauté urbaine a débloqué 10 millions d’euros pour soutenir les bailleurs sociaux et soutenir la rénovation énergétique, en particulier Pas-de-Calais Habitat.
À Villeneuve-la-Garenne, la géothermie prend un nouvel essor avec l'accompagnement d'Engie Solutions. Après un premier échec il y a 50 ans, la ville relance son projet avec pour objectif de chauffer 80% des logements, dont les 60% de logements sociaux. Cette initiative, qui vise à maîtriser les coûts énergétiques et réduire l’empreinte carbone – équivalente au retrait de 10 000 voitures – a été validée par les bailleurs sociaux et les habitants.
ZAN : les obstacles financiers
Le manque de soutien financier reste un enjeu pour tous. Il est aussi nommé comme un frein à la Zéro Artificialisation Nette par un nouveau baromètre du Groupe SCET, à paraître en octobre. Parmi les autres embûches sont citées les tensions politiques, des problématiques d’accessibilité et un besoin d’accompagnement.
Malgré tout, les experts prennent en compte les retombées positives, telles qu’un regain d’intérêt pour une utilisation plus rationnelle du foncier, ainsi que de nouveaux modes d’aménagement du territoire, dont ceux susmentionnés, prenant mieux en compte les enjeux environnementaux.
Réussir le défi de la transition énergétique
L’Europe fait face à une double urgence : la crise climatique et la nécessité de renforcer son autonomie industrielle face à une compétition mondiale accrue. La réindustrialisation verte est devenue une priorité stratégique pour réduire la dépendance énergétique et technologique de l'Union, tout en répondant aux ambitions climatiques.
Grand Est : une transition collaborative
La région Grand Est s’affirme comme un acteur déterminé de la transition énergétique, misant sur la collaboration et l'innovation. Son approche repose sur la sobriété nucléaire et les énergies renouvelables, avec une planification écologique participative. Forte de 400 propositions d'actions, la région a retenu 80 initiatives visant à réduire les déchets, en particulier dans le secteur du BTP, responsable de 70% des déchets régionaux. La coopération entre les collectivités, l’État et les acteurs locaux est essentielle, avec un accent sur la formation des élus pour accompagner cette transformation.
Des stratégies ambitieuses pour les villes médianes
Bourg-en-Bresse et ses 74 communes adoptent une stratégie énergétique ambitieuse, visant une réduction de 30% de leur consommation d’ici 2032. Pour atteindre cet objectif, la production d’énergies renouvelables sera accrue, avec des projets tels que l’éolien flottant et la valorisation thermique des déchets. La création de Bourg-en-Bresse Énergies reflète cet engagement en faveur des énergies locales.
À Auxerre, la décarbonation est en marche avec un objectif de zéro émission de CO2 d'ici 2050. Le développement de la mobilité hydrogène, avec des bus et des TER sans émissions, illustre cette ambition. La technopole locale soutient les startups travaillant sur l’hydrogène, consolidant le rôle pionnier de la ville dans ce domaine.
Acculturer et réguler l’IA dans les territoires
Nous en parlions plus haut avec la SNCF : les villes se transforment à grande vitesse sous l'impulsion de l'intelligence artificielle et des défis climatiques. En 2023, l'utilisation de l'IA a augmenté de 14%, transformant des secteurs clés comme les transports, la gouvernance urbaine et l’énergie.
Séoul : anticiper les crises et améliorer les services
La capitale sud-coréenne a mis en place un plan administratif basé sur l'IA avec un budget de 138 500 euros jusqu'en 2026, visant à améliorer la qualité des services publics. Des formations sur l'IA sont également proposées aux fonctionnaires, renforçant ainsi l'efficacité des services urbains. L'IA permet également à Séoul d'anticiper les crises climatiques, en combinant des données sur la chaleur urbaine avec des informations sociales pour protéger les populations vulnérables. Dans des districts comme Gangnam, des capteurs d'inondation envoient des alertes en temps réel pour prévenir les catastrophes.
Pays de la Loire : vers une gouvernance locale intelligente
En Europe, des régions comme le Pays de la Loire intègrent activement l'IA dans la gestion territoriale, avec une ambition claire pour 2025. Pour préparer les élus, des conférences et ateliers ont été organisés, non pour l’usage technique de l'IA, mais pour l’intégrer dans les stratégies territoriales. La région souhaite également accompagner les PME et TPE via une feuille de route dédiée et un projet d’EDIH (European Digital Innovation Hub).
Cependant, l’IA ne peut se développer sans une gestion optimisée des données. La région met un point d’honneur à renforcer sa gouvernance des données et à lancer des concertations territoriales pour anticiper les impacts de cette technologie.
Grand Paris : innovation urbaine alimentée par l’IA
La Métropole Grand Paris continue à mettre en œuvre depuis les Quartiers Métropolitains d’Innovations pour transformer la ville. Ces initiatives, présentes dans dix communes d’ici 2025, soulignent l’importance de l’alliance entre technologie et résilience urbaine pour répondre aux enjeux climatiques et sociaux de demain. Selon leurs chiffres, près de 40 à 50% des projets sélectionnés intègrent désormais l’IA pour repenser la ville de demain.
Construire les territoires de demain
Le CITIES Impact Forum 2024 a mis en lumière les transformations urbaines en cours, de la mobilité durable à la rénovation urbaine éco-responsable, en passant par l'impact croissant de l'intelligence artificielle sur la gestion des territoires. Retrouvez dès la semaine prochaine les replays des interventions pour plonger au cœur des solutions qui façonnent nos villes de demain.