“Budget Climatique” : comment Oslo utilise la data pour devenir une ville verte | HUB Institute - Digital Think Tank
“À tout moment, je peux connaître le volume d’essence qui a été vendu hier dans la ville ou le nombre de véhicules qui ont payé le péage urbain ce matin” expliquait avec fierté Robert Steen, le maire-adjoint délégué aux finances de la capitale norvégienne, lors de l’Oslo Innovation Week, décrivant son “Climate Dashboard”.
L’intérêt de ces données est évident : elles permettent de suivre au jour le jour l’avancée de la ville dans sa transition énergétique. Mais le fait que ce soit le responsable des finances publiques qui se charge des questions environnementales est, lui, plus surprenant. Pourtant, depuis 2017 et le vote du premier “budget climatique”, le sujet est bien entre les mains du directeur financier de la ville. “Comme pour un budget classique, je sais exactement combien de tonnes de C02 je peux émettre chaque année”, explique-t-il.
Chaque service de la ville est ensuite en charge de son propre budget et doit prendre des mesures concrètes pour réduire ses émissions, en leur attribuant des moyens financiers et des objectifs. L’ambition globale est d’aboutir à 95% de C02 en moins d’ici à 2030 (par rapport aux émissions de 1990), au bannissement du plastique à usage unique d’ici trois ans, et à la suppression des énergies fossiles avant 2030, et ce, à l’échelle de toute la capitale.
“Les politiques font l’erreur d’avoir des objectifs à long terme, qu’ils peuvent repousser à mesure que la date limite approche. Nous avons des objectifs pour 2030, mais aussi des objectifs annuels”, précise l’adjoint au maire. Grâce à cette analogie avec le budget financier, les responsables politiques doivent rendre des comptes tout au long de l’année sur leurs “dépenses” de CO2, dans un cadre strict.
La mairie a conscience que pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés, elle doit aussi s’appuyer sur le secteur privé : les services municipaux eux-mêmes ne représentent que 10% des émissions. Avec les transports et la gestion des déchets, le secteur de la construction est l’un des premiers concernés. La ville est en effet le deuxième constructeur de bâtiments en Norvège, après l’Etat : c’est un client incontournable pour les entreprises du BTP.
Ces derniers sont fortement mis à contribution pour changer leurs pratiques : par exemple, non seulement tous les nouveaux bâtiments publics doivent être neutres en carbone, mais aussi les chantiers de construction. “Si vous n’utilisez pas de bio-carburants pour vos véhicules de construction, vous ne pouvez pas travailler avec nous, c’est aussi simple que ça.”
Pour suivre les avancées, les citoyens n’ont pas directement accès au “Climate Dashboard” de la municipalité, mais ils peuvent consulter les trois rapports annuels publiés par la mairie, les données du site dédié au sujet, KlimaOslo, mais aussi, en vertu d’une loi sur “le droit à l’information environnementale”, demander à accéder aux données environnementales des institutions publiques, ainsi que des entreprises privées. Celles-ci ont 15 jours pour y répondre : un moyen de pression supplémentaire pour responsabiliser chaque partie prenante.