Comment la Commission Européenne accompagne-t-elle les villes vers une mobilité durable ?
Pour Matthew Baldwin, le secteur du transport est un élément clé dans la grande urgence du changement climatique ; l’objectif est après tout de réduire de 90 % les émissions du secteur d’ici 2050. Pour cela, il faut investir. Heureusement, Matthew Baldwin partage une bonne nouvelle : il y a beaucoup de fonds disponibles au niveau européen, avec près de 100 milliards d’euros déjà sur la table, dont
- 26 milliards d’euros pour le transport par le MEI (Mécanisme pour l'interconnexion en Europe)
- 10 millions attendus par Invest EU
- 10 milliards attendus par le fonds d’innovation
- 15 milliards fléchés pour les politiques du climat, d'énergie et de mobilité dans le programme du Horizon Europe, etc.
De plus, 94 milliards d’euros sont disponibles grâce à la Facilité Européenne de Relance et de Résilience. Les fonds étant disponibles, il faut les demander et en profiter pour travailler sur ses infrastructures.
Matthew Baldwin revient ensuite sur la nouvelle proposition annoncée en décembre 2021 sur le Trans-European Transport Network (TEN-T), qui est en fait un reboot du règlement TEN-T, et comprend des mesures réglementaires prévues dans la demande de transport. Il est en effet important de réinventer la demande de transport vers des modes plus durables : ferroviaire, navigation intérieure, transport maritime à courte distance, etc. Ce nouveau règlement permettra de créer des outils, qu’il faudra utiliser.
L’un des enjeux majeurs est de renforcer les nœuds urbains dans l’UE pour contribuer à fluidifier la mobilité. Pour la Commission Européenne, il faut appliquer des principes de subsidiarité, et mettre en place un nouveau cadre pour la mobilité européenne avec des partenariats avec les villes. D’autant plus que plus de 70 % de la population européenne habite déjà dans des grandes villes ; ce sera 84 % en 2050.
Une grande partie des émissions de gaz à effet de serre issues des transports provient des zones urbaines. Il n’y aura pas de mobilité durable en Europe sans traiter la dimension urbaine. Il faut la traiter ensemble.
- Matthew Baldwin, DG Transports et Mobilités (European Commission)
Le nouveau réglement TEN-T prévoit pour les 494 agglomérations urbaines qui sont des nœuds urbains des possibilités de financement par le MEI mais prévoit aussi de leur imposer, au travers des États membres, de développer leur propre plan de mobilité urbaine et durable (SUMP - Sustainable Urban Mobility Plan) d’ici 2025. Ainsi, pour la première fois les grandes villes devront mettre la priorité sur les transports publics, la marche à pied et le vélo.
En outre, Matthew Baldwin mène un autre projet ambitieux, celui de la sélection de 100 villes européennes qui s'engagent à devenir vertes et climatiquement neutres d’ici 2030.
L’appel à intérêt a été lancé à la mi-novembre 2021, avec une échéance fixée au 31 janvier, et plus de 377 candidatures de villes avec l’ambition de devenir climatiquement neutres ont été reçues. Parmi celles-ci on retrouve plusieurs grandes villes françaises, comme Lyon ou Marseille, mais aussi des villes de chacun des États membres. L’ensemble des villes candidates regroupe ainsi 18 % de la population européenne. Le travail que ces villes mettent en place pour devenir vertes permettra également des co-bénéfices, comme la diminution de la pollution, du bruit, des morts sur la route, ou encore de la congestion qui coûte 300 milliards d’euros par an en termes de pertes. Matthew Baldwin conclut en soulignant qu’il y a potentiellement beaucoup à gagner en parallèle des efforts faits face aux défis du changement climatique.
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