E-commerce : le dernier kilomètre en micromobilité
Comment maîtriser l'impact du trafic sans interrompre l'économie ? La crise de la Covid a amené avec elle l'essor du e-commerce, qui lui-même a été un catalyseur des livraisons. Selon Statista, le nombre de consommateurs optant pour une livraison le jour même lorsqu'ils commandent auprès d'un détaillant en ligne a bondi de 24% en 2020 à 36% en 2021.
La cohabitation entre ce secteur et la décarbonation des villes est un sujet de taille pour les retailers comme pour les collectivités ; s’il est estimé que le marché mondial de la livraison du dernier kilomètre pourrait atteindre 123 milliards de dollars en 2030 (Straits Research), le triple de l’estimation du marché en 2021, cette portion de la chaîne logistique est encore tenue pour responsable de 25% des émissions de gaz à effet de serre (Comité d’analyse stratégique).
Plusieurs solutions ont gagné en popularité depuis que cette tendance a fait son apparition : dans les quartiers se sont progressivement construits des réseaux de points relais de proximité, et de nouvelles flottes de livraison proposaient une réponse aux nombres de véhicules utilisés par les retailers et aux distances parcourues. C’est finalement pour une nouvelle place de la micromobilité dans la logistique urbaine que beaucoup de collectivités ont opté afin de se désengorger et de réduire les coûts financiers et environnementaux entraînés par le dernier kilomètre.
Cet intérêt fulgurant a fait éclore de nombreux acteurs de la micromobilité et de la tech, et réveillé les modèles économiques d'entreprises déjà établis. Les villes se sont dotées de solutions de mobilité qui, en plus de compléter les réseaux de transport lourds, rapides et structurants d'un territoire, rivalisent en quantité d’émissions. La start-up Scoobic, soutenue par EIT InnoEnergy, fait partie de ces nouveaux acteurs, et développe des flottes véhicules électriques, dont les batteries sont ensuite recyclées.
Des sites installés en périphérie des villes permettent désormais d’organiser des tournées en amont et vont optimiser les taux de remplissage qui vont permettre un transport de plus petites capacités (vélos, remorques, vélo cargos, etc.). Plus de rotation signifie davantage de contrôle sur la livraison pour le consommateur. Une startup comme Stuart possède par exemple 5 entrepôts urbains, ou hubs logistiques, en centre-ville.
Des stratégies urbaines à plus grande échelle viennent accompagner le déploiement de ces solutions. La Métropole du Grand Paris est, par exemple, composée de 131 communes orchestrées par plus de 131 réglementations sur les livraisons, le stationnement et la circulation. Son objectif : harmoniser ces règles afin d’optimiser les déplacements de livraisons, et ainsi limiter les émissions de carbone.
Les villes investissent également dans la multimodalité. À Paris toujours, l’atout fluvial a permis de créer un axe supplémentaire, plus accessible, pour le transport de marchandises. HAROPA, le Grand port fluvial maritime de l’Axe Seine, permet un meilleur pilotage commercial et foncier reliant le Havre, Rouen et Paris. Déjà installée à Strasbourg, l’entreprise Urban Logistic Solutions a récemment inauguré à Lyon un service de livraison alliant transport fluvial et vélo à assistance électrique.