Énergies et Environnement : la transition écologique se joue aussi sur le numérique
Smart city : de la technicité à la proximité
Comment conjuguer développement du numérique et transition écologique pour devenir une smart city ? C’est la question qu’aborde Laurent Deslattes, chargé de mission Numérique et chef de projet Smart city pour Grenoble Alpes Métropole au HUB Sustainable Cities Summit ce mardi 15 septembre.
Quelle définition de la smart city ? Concept en vogue depuis quelques années, la smart city est multiple : chaque ville s’en fait sa propre vision. Laurent Deslattes revient sur la vision historique de ce concept, très porté sur la technique : la smart city vise à mobiliser des opportunités technologiques et numériques pour améliorer et optimiser les systèmes et le service public dans un souci d'économie des ressources. Il s’agirait donc d’un outil permettant de faire mieux avec autant ou moins.
Petit à petit cette vision techniciste a évolué pour se rapprocher des questions environnementales et s'inscrire dans les territoires proches de populations.
La loi Maptam de 2015 a permis à la métropole de Grenoble de ressaisir des compétences sur les énergies et la mobilités, liées au numérique, et à l'animation des écosystèmes économiques. Grenoble recentre alors les efforts en smart city et replace les grands enjeux pour la planète au centre de sa vision. La Métropole décide de travailler en proximité avec les usagers et de s’assurer que les actions soient réellement déployées et utilisées.
Une difficulté croissante
Grenoble avait été la première agglomération de France à se doter d’un Plan Climat en 2005, avec des objectifs de réduction de 50% des gaz à effet de serre et de passage à 30% de part d’énergies renouvelables pour 2030. Aujourd’hui Laurent Deslattes constate que pour tenir ces engagements d’ici 2030, les efforts fournis doivent être multipliés par 3 ou 4. Il est donc essentiel de mobiliser tous les acteurs sur l’ensemble du territoire :
- Les entreprises,
- Les enseignants et chercheurs, et les laboratoires publics,
- Les sphères publiques et les collectivités,
- Et la société civile.
La population doit être intégrée dès le démarrage, voire dès la conception des solutions qui ont vocation à être déployées sur le territoire.
- Laurent Deslattes, Grenoble Alpes Métropole
4 grands objectifs pour Grenoble
Laurent Deslattes dévoile au HUB Sustainable Cities Summit la feuille de route de la métropole grenobloise pour une smart city qui serait :
- Respirable : la question du carbone et du changement climatique est le pilier des questions environnementales.
- Agile : le numérique est une brique pour agir différemment et organiser des acteurs autour de la data pour mobiliser les informations.
- Contributive : en associant les populations et les habitants à la conception globale de la smart city et aux actions.
- Apaisée : l’enjeu de la sécurité publique, la question de la confiance sur l’utilisation des données ; ainsi que la question de l’inclusion alors que 20% des français sont en situation de illectronisme et ne peuvent utiliser le numérique.
Des projets au service des territoires pour l’accélération de la transition écologique
La transition écologique se joue au niveau des territoires locaux, qui s’appuient sur des experts comme l’opérateur Orange pour développer leur accès à la data. Delphine Woussen, Head of Smart Cities pour Orange Business Services, explique au HUB Sustainable Cities Summit comment la data contribue à la protection de l’environnement.
Orange au contact des citoyens
Orange est un acteur engagé dans la transition écologique, avec un objectif 0 carbone sur ses consommations et émissions pour 2040. Grâce à son expertise data et IoT, Orange joue un rôle d’accompagnement des territoires dans leur transition écologique.
Grâce à son observatoire, Orange est au contact quotidien des citoyens pour écouter leurs préoccupations. Une étude menée avec le cabinet Sociovision a montré que pour 2000 foyers représentatifs de la population française interrogés, la principale inquiétude porte sur la qualité de l’air et la pollution.
La ville rêvée à court terme serait verte, et à moyen terme saine.
- Delphine Woussen, Orange Business Services
Lorsque Orange présente son concept de smart city, celui-ci semble probable pour 54% des interrogés, et souhaitable pour 75%. La notion de smart city devient ainsi de plus en plus une réalité.
Plusieurs villes accompagnées par Orange
Orange a déjà commencé son accompagnement avec plusieurs villes, dont :
- Libourne : “Libourne dans ma poche” est une application citoyenne qui permet de présenter les services de la ville aux citoyens, avec notamment un chatbot, développé par la startup Trizzy, qui guide dans le tri des déchets.
- Nantes utilise une application semblable avec les dates de tournées de collectes des déchets, des alertes sur les risques de pollution aux pollens etc.
- Nevers : pendant le déconfinement la ville s’est alliée à Orange pour proposer des services d’itinéraires de mobilité douce pour entraîner les citoyens dans la transition.
- Orsay et Narbonne : installation de capteurs pour mesurer la qualité de l’air et la température dans les écoles et crèches, pour une ville plus sûre et pour faire des économie d'énergies.
- Île de la Réunion : Orange optimise les services grâce à la donnée, en mesurant le remplissage des containers en déchetterie, et en rendant les déplacements et tournées fluides.
- St-Quentin-en-Yvelines : des capteurs sur les bassins de rétention des eaux fluviales permettent de détecter les risques de débordements et les bactéries.
Orange mise sur la data
Toutes ces actions concrètes partent de capteurs, qui permettent d’analyser les besoins. Delphine Woussen conseille aux villes qui abordent leur transition écologique de commencer par la data pour diagnostiquer le territoire, et d’identifier des Quick Wins pour mettre en oeuvre des actions rapides et efficaces. Les villes et collectivités peuvent s’appuyer sur les compétences en data et en digital d’Orange Business Services pour délivrer la ville de demain.
La transformation digitale, condition première de la défense de l’eau
Comment le numérique peut permettre de gagner la bataille de l’eau ? Alice Guehennec, Directrice du numérique pour SAUR, présente le métier de l’eau et la place qu’y tient le numérique au HUB Sustainable Cities Summit ce mardi 15 septembre.
Un combat essentiel mais complexe
2 chiffres sont incontournables pour comprendre l’urgence de la défense de l’eau :
- 2/3 des territoires ont eu un problème de déficit en pluie cette année. Pour certains territoires c’est jusqu’à
- 80% de manque de pluie.
- 77 départements ont été concernés par un arrêté sécheresse cette année. Le phénomène de sécheresse, auparavant local, devient national.
Alice Guehennec est au cœur de ce combat de défense de l’eau, qui se déroule sur 2 cycles :
- Cycle amont : capter de l’eau dans milieu naturel, la rendre potable, et l’acheminer. L’enjeu est de ne pas trop capter la ressource naturelle, puis d’optimiser les usines pour avoir un impact environnemental le plus faible possible, et enfin de l’acheminer en garantissant la qualité et en limitant les fuites.
- Cycle aval : récupérer les eaux sales et les nettoyer avant de les remettre dans un milieu naturel. L’enjeu est de capter toute l’eau sale et d’optimiser les usines pour traiter le bon volume d’eau, qui peut varier selon la météo ou les flux touristiques.
Les actions de SAUR
L’entreprise SAUR travaille sur 170 000 km de réseau d’eau potable, avec 19 000 installations et 3200 agents sur le terrain. Un centre de pilotage opérationnel centralise le million de données transmises chaque jour. Les données viennent de différents écosystèmes :
- Les usagers, qui interagissent pour obtenir des informations et en donner,
- Les équipements et les installations, au travers de capteurs,
- Les territoires qui communiquent sur leurs contraintes et enjeux.
En croisant les données de ces différents horizons, la défense de l’eau peut faire des progrès, en fournissant aux techniciens sur le terrain de la visibilité et de la transparence.
Le numérique optimise ces actions
L’empreinte énergétique est au cœur des préoccupations de SAUR, qui souhaite optimiser ses équipements et réduire sa consommation. Le numérique présente des solutions :
- Des algorithmes réduisent la consommation énergétique des usines, et optimisent le taux de réactifs pour éviter le gaspillage dans le nettoyage de l’eau. Il est aussi possible de prédire les volumes d’eau qui circulent pour limiter les pertes.
- Les oreilles sont des capteurs qui écoutent l’eau et détectent des fuites par le changement du bruit.
- Des services d’intelligence artificielle optimisent les forages et prédisent la sècheresse ce qui permet de rétroagir sur les actions des citoyens pour l’éviter.
Travailler sur les nudges pour essayer de changer les comportements à court terme et à long terme des citoyens; la défense de l’eau n’est pas un combat que l’on peut gagner seul.
- Alice Guehennec, Directrice du numérique du groupe SAUR
Monaco, un numérique éco-responsable : le cas de la mobilité
La principauté de Monaco est confrontée à une grande problématique de densité de la mobilité, et recourt au numérique pour trouver des solutions. Frédéric Genta, délégué interministériel chargé de la transition numérique pour Monaco, présente ces enjeux au HUB Sustainable Cities Summit.
La problématique de l'accès à Monaco
La mobilité est un sujet important pour Monaco : petit territoire de 2-3 km2, elle accueille un flux quotidien de 100 000 véhicules entrants et sortants, et produit 30% des émissions carbones de la Principauté. Monaco compte 40 000 habitants mais 50 000 personnes supplémentaires viennent y travailler chaque jour. La mobilité est donc un sujet international pour la principauté, qui y travaille avec ses 2 pays voisins, la France et l’Italie. C’est un enjeu de croissance économique pour Monaco, mais aussi un objectif d’éco responsabilité.
Revenir 25 ans en arrière pour sauver demain
L’urbanisme évolue beaucoup, avec pour Monaco une expansion vers la mer : l’avenir du pays doit être éco responsable. Pour Frédéric Genta, il ne s’agit pas simplement d’optimiser l’existant mais plutôt de penser la mobilité de demain. L’objectif est clair : revenir 25 ans en arrière sur l’usage de la voiture. Le défi est d’implanter des solutions alternatives pour ne pas contraindre : il ne s’agit pas d’interdire la voiture, mais d’offrir des solutions pratiques qui vont donner envie de laisser la voiture.
Les actions digitales mises en place
Plusieurs actions sont mises en place par le gouvernement princier pour répondre à ses objectifs :
- Rendre les transports en commun sans couture : l'application CityMapper calcule 1200 trajets quotidiens en temps réel.
- Faciliter l’accès aux transports alternatifs : MonaPass est une carte unique pour le bus, le vélo, le parking, etc.
- Rendre l’expérience de la voiture la plus fluide possible : un partenariat avec Waze donne des données en temps réel.
- Inciter à laisser la voiture : le smart parking donne des données sur les places disponibles et guide vers la place la plus proche.
- Optimiser les trajets en covoiturage : l'application Klaxit travaille avec les grandes entreprises qui emploient des français et des italiens pour les covoiturer.
L’ambition de demain
Une fois bus et vélo adoptés, Monaco souhaite rendre le système intelligent en connectant les feux en 2021 pour donner la priorité à la mobilité douce. Des algorithmes de répartition des vélos selon les besoins se développeront avec une logique apprenante. Un jumeau numérique capte déjà de nombreuses données, et pourra dès 2021 simuler les impacts des chantiers et aider à la prise de décision. Il sera également clé dans l’étude des impacts de mobilité, de la couverture réseau et des ondes, la 5G étant déjà lancée sur Monaco.
La mobilité est la priorité du gouvernement monégasque, qui s’appuie sur les données numériques pour résoudre les problèmes existants.