FRET21 une démarche qui transforme durablement le secteur du transport
Quels sujets et thématiques occupent la plus grande part de votre actualité entreprise ou sectorielle aujourd’hui ?
Fabrice Accary : La problématique de transition écologique et énergétique du secteur du transport de marchandises occupe une grande part de notre activité. Pour aider les entreprises à répondre à cet enjeu et à décarboner leurs chaînes logistiques, l’AUTF et l’ADEME ont initié la démarche FRET21. Aujourd’hui, FRET21 accompagne près de 300 entreprises “chargeurs” de toutes tailles, tous secteurs confondus. Lorsque celles-ci signent un accord d’engagement avec l’ADEME, elles précisent leur objectif de réduction d’émissions, ainsi que les actions à mettre en place pour réduire l’impact environnemental de leurs transports. Ainsi, le dispositif FRET21 devrait permettre de réaliser une part non négligeable des efforts de réduction attendus (-28% d’émissions de CO2 pour le secteur du transport à 2030)
Avec FRET21, les entreprises disposent d’un cadre méthodologique et d’outils qui leur permettent d’évaluer les émissions de CO2 liées à leurs activités de transport et de modéliser la performance environnementale de toutes leurs actions d’optimisation logistique. Elles peuvent ainsi définir un plan d’action et se fixer un objectif de réduction de leurs émissions d’au moins 5% dans un délai de 3 ans.
Le dispositif FRET21 est désormais intégré dans un programme plus large - le programme EVE - qui a pour ambition d’aider l’ensemble des prestataires et des opérateurs à réduire l’impact environnemental du transport de marchandises. Dans ce programme, les « chargeurs » ont un vrai rôle à jouer pour accompagner la décarbonation du secteur.
Répondre aux engagements pris par la France et l’Europe pour arriver à une neutralité carbone à l’horizon 2050 demeure la préoccupation principale des entreprises “chargeurs”.
On va arriver à remplir le contrat et à décarboner nos chaînes logistiques. Le problème c’est dans quel délai on va y arriver et à quel prix.
- Fabrice Accary, Directeur Général de l'AUTF
Un deuxième programme “Remove” doit voir le jour pour accompagner les entreprises et fournir des aides au report modal ferroviaire et fluvial. Des synergies doivent être créées avec les autres acteurs de la chaîne, qui vont monter en compétences sur ces problématiques ; les innovations vont ensuite être partagées de manière efficace entre tous les acteurs.
Au cœur de cette actualité forte, pourriez-vous en développer/préciser l’aspect qui vous semble le plus important/stratégique/positif ou décisif selon vous ?
FA : La loi Climat et Résilience comporte un article qui oblige les entreprises soumises à notation extra-financière ou de plus de 500 salariés à inclure dans leur bilan carbone annuel les émissions indirectes significatives de la partie transport de marchandises, qui correspondent au scope 3 du bilan carbone. Cet article fait aussi mention de la mise en place d’un plan de réduction de l’impact environnemental de leurs transports.
Ces conditions doivent permettre d’accélérer l’ensemble de l’engagement des entreprises pour réduire l’empreinte carbone des transports, et transformer les chaînes logistiques.
Pour vous, quelle serait la tendance ou le sujet à suivre en 2023 dans votre secteur d’activité et selon vous pourquoi ?
FA : L’intégration du transport de marchandises dans la stratégie de développement durable des entreprises est un premier point décisif. Afin d’être labellisées FRET21, les entreprises doivent avoir pris en compte le transport dans leur stratégie climat.
La mission de FRET21 est d’essayer d’enclencher des démarches projet au sein des entreprises sur la décarbonation du transport, en sensibilisant à la fois la RSE et les directions de transport ou supply chain/achat transport.
- Fabrice Accary, Directeur Général de l'AUTF
Le dispositif apporte une vraie valeur ajoutée puisqu’il est transversal avec des acteurs de différents secteurs qui partagent les bonnes pratiques. C’est un véritable challenge que de faire en sorte que les directeurs RSE acquièrent une nouvelle compétence sur le transport de marchandises.
Le deuxième point à souligner reste le report modal, qui fait partie des enjeux cruciaux dans la décarbonation du secteur du transport. Son intégration dans la culture d’entreprise nécessite une formation des équipes, une réflexion complète et un réaménagement entier de la logistique – ce qui crée un véritable bouleversement. Néanmoins, le programme Remove propose une phase de formation après la phase de sensibilisation, toujours avec l’objectif d’accompagner sur cette transition écologique et environnementale.