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Keolis : la data au service de la mobilité et des voyageurs

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Keolis : la data au service de la mobilité et des voyageurs

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À quelques jours du Sustainable Mobility Forum, Armel Guenneugues, directeur commercial, marketing et innovation chez Keolis Rennes, revient sur la complexité de la mobilité ainsi que l’usage de la donnée au service des modes de transports et de ses utilisateurs.

HUB Institute: À mesure que les modes de transports se multiplient, la mobilité devient de plus en plus complexe. Comment cela impacte-t-il votre métier ? Comment traduire votre rôle/métier ? 

portrait keolis armel guenneugues

Armel Guenneugues: Notre métier est à la fois d’imaginer et d’opérer des solutions de mobilités pour le compte des autorités organisatrices, en général des collectivités. L’objectif étant de mettre ces solutions de mobilité au service de la qualité de vie dans les territoires. Pour atteindre cet objectif, nous analysons en permanence les besoins et les attentes en matière de déplacement et proposons les solutions les plus adaptées pour y répondre. 

HUB Institute: Quels sont ces besoins de mobilité et comment vous y répondez ?

AG: Ce qui est passionnant, c'est que les besoins de mobilité sont aussi riches et variés que les individus et les activités humaines! Donc il y a tout, sauf une réponse unique à ces besoins. Les réponses sont forcément plurielles et multiples. En quelques mots notre rôle c’est de décrypter l’ensemble de ces besoins et de bâtir des solutions de mobilités qui soient diversifiées et complémentaires. Globalement, notre proposition doit constituer une alternative attractive à la voiture solo, qu'on appelle l'autosolisme. La difficulté mais aussi la richesse et l'intérêt, c’est justement que ces solutions doivent être personnalisées. Il y a des enjeux autour de l’accessibilité, de la simplicité d'usage des réseaux de transports en commun, du digital... Chacun peut avoir des attentes différentes et notre devoir c’est de répondre à ces attentes légitimes et d'apporter des réponses crédibles et universelles. 

HUB Institute: En quoi la mobilité est un sujet complexe ? Quels sont les modèles que vous utilisez pour répondre à cette complexité ? 

AG: La mobilité est complexe pour de nombreuses raisons. Elle est individuelle et on ne peut pas la résumer en une moyenne. Elle est mouvante : elle varie, selon l'âge, le territoire, le contexte global, selon plein de facteurs. Il suffit de voir aujourd'hui, comment la crise sanitaire et ses conséquences ont remis complètement à plat toutes les pratiques de mobilité! La fréquentation varie en fonction des restrictions sanitaires. Par exemple à Rennes, on est a ⅔ de la fréquentation habituelle des transports en commun. Il nous faut prendre en compte à la fois les nouvelles attentes des voyageurs mais aussi les nouveaux cadres financiers des collectivités, tout cela sans renoncer à l’ambition des territoires de renforcer la qualité de vie et répondre aux enjeux environnementaux. 

Complexe à comprendre, la mobilité est aussi complexe à faire évoluer. Elle est ancrée dans la vie quotidienne, et changer les habitudes suppose de lever de nombreux freins comportementaux. On a au final une seule option, qui est au-delà de la construction théorique et des modèles de simulation. Il faut qu'on écoute, qu'on comprenne, qu'on analyse et qu'on décrypte. C’est pour cela qu’on attache un enjeu fondamental à tout ce qui est donnée de compréhension de la mobilité.     

HUB Institute: La donnée et ses usages ont longtemps été l’apanage des entreprises du secteur commercial. Comment la data impacte-t-elle le monde du transport ? Quels outils utilisez-vous pour mieux comprendre vos utilisateurs ? 

AG: Historiquement, dans la conception et l’exploitation des réseaux de transports en commun dans la mobilité, on a toujours utilisé plusieurs sources de données. On s’appuie sur toutes les données publiques disponibles, comme par exemple les données de l’Insee ou celles diffusées par les agences d’urbanisme, comme l’AUDIAR à Rennes. On mène également de nombreuses enquêtes, quantitatives et qualitatives.  Enfin, nous suivons quotidiennement les données issues des systèmes billettiques, dont la validation des titres de transport. Elles nous permettent de comprendre les flux et d’adapter l’offre en conséquence. Mais elles présentes cependant toutes certaines limites qui nous empêchaient de monter certaines marches dans la compréhension de la demande et des comportements. 

Avec l’essor du numérique on a de nouvelles sources de données qui sont désormais disponibles et qui nous permettent de franchir ces paliers là. Par exemple, l'analyse des traces GPS enregistrée par les smartphones est une nouvelle source de données qui ouvre des perspectives intéressantes. 

HUB Institute: Quels sont les avantages de ces nouvelles données ? 

AG: Ces nouvelles données ont plusieurs avantages décisifs, qui sont en rupture avec les données qu’on utilisait jusqu’à présent. Premièrement elles sont multimodes, ce qui est fondamental. Par exemple, contrairement au système billettique, les traces GPS permettent d’observer la mobilité à la fois des transports en commun mais aussi automobile, piétonne et à vélo. On s'intéresse vraiment à l’ensemble de la demande de mobilité, on a une vision beaucoup plus large. Ensuite ce sont des données “bout en bout”. Elles ne limitent pas, par exemple, à la montée dans un bus jusqu’à sa descente : on aura aussi les parcours réalisés en amont et en aval, et en utilisant quel mode. 

Autre avantage important, ces données s’affranchissent des frontières administratives. On peut s'intéresser à tous les déplacements sur un bassin de vie. Qu’ils soient réalisés par des résidents ou des visiteurs de passage. Enfin, ce sont des données qui sont disponibles en continu. Cela permet d’avoir la pulsation d’un territoire, et non pas seulement une photo. Souvent les données d'enquêtes sont plus parcellaires.

Notre vision est que ces données doivent être partagées en toute transparence avec les collectivités, afin de co-construire une vision commune des évolutions que nous devons mener. Nous souhaitons même aller plus loin en mettant tout ou partie de ces données à disposition des citoyens et des autres acteurs du territoire. La mobilité dans les territoires est l’affaire de tous!  

HUB Institute: Quelle sera la prochaine étape de votre transformation digitale au service de la mobilité ?

AG: La transformation digitale qu’on doit opérer et qu’on opère, est double. Nous en tant qu'opérateur de service de mobilité de réseau de transport, c’est une transformation qui doit être au service de nos deux types de clients. D'une part les collectivités puisqu’on doit les alimenter dans leurs activités de service public. C’est l’apport que permettent ces données, c’est-à-dire amener des éléments de compréhension de ces territoires, pour élaborer des stratégies et des décisions éclairées.

D’autre part, la transformation digitale qu’on mène doit aussi être à destination du voyageur qui utilise le réseau de transport. Lui compte sur nous pour disposer d’un service attractif, simple d’utilisation, un service qui réponde à ses besoins, avec un parcours client qui soit fluide et le digital est un des leviers majeurs pour y parvenir. La crise sanitaire nous a par exemple poussé à faire évoluer nos services pour offrir plus de possibilités d’achat de titres à distance ou améliorer notre information en temps réel. Après, nous devons aussi garder en tête que le digital est un levier parmi d’autres que nous devons travailler. Tous les voyageurs ne sont pas “digital-native” et notre réponse se doit être universelle. C’est aussi ce qui en fait sa noblesse!

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