La mobilité durable au cœur des prochaines élections européennes
À mesure que les élections européennes de juin se rapprochent, plusieurs événements marquent l'agenda politique de l'Union européenne. Samedi dernier, le règlement sur les services numériques (DSA) est entré en vigueur, impactant toutes les plateformes en ligne. Il y a deux semaines de cela, la Commission européenne a publié sa nouvelle feuille de route climatique pour 2040, jetant les bases d'une ambitieuse réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Dans une démarche audacieuse, la Commission européenne a dévoilé une stratégie visionnaire pour combattre le changement climatique. Cette initiative survient dans un contexte où les préoccupations environnementales gagnent en traction auprès du public et où les enjeux électoraux exigent une réponse forte de l'UE en matière de politique environnementale.
Objectifs climatiques et enjeux politiques
L'objectif central de cette feuille de route est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 90 % d'ici à 2040 par rapport aux niveaux de 1990. Cette mesure, cruciale pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, suscite à la fois l'admiration et la controverse, avec des réactions variées dans les secteurs économiques et politiques.
Cependant, les obstacles à surmonter sont nombreux. L'industrie craint les conséquences sur sa compétitivité mondiale et appelle à une approche plus équilibrée dans l'adoption de réglementations environnementales.
Pour concrétiser ces ambitions, la Commission européenne propose une série de mesures, notamment la décarbonation du secteur de l'énergie, l'électrification des transports et des bâtiments, ainsi que l'expansion des énergies renouvelables. L'introduction d'une tarification du carbone et la promotion de l'énergie nucléaire sont également au centre des débats, suscitant des réflexions animées sur leur viabilité et leurs implications.
La mise en œuvre de ces mesures n'est pas sans défis. Les États membres accusent déjà un retard dans l'atteinte de leurs objectifs pour 2030, rendant la nouvelle cible pour 2040 encore plus ambitieuse et complexe à réaliser. Néanmoins, la Commission estime que les coûts associés à l'inaction face aux dommages climatiques sont bien plus élevés que les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs fixés.
Focus sur les collectivités
La transition, naturellement, passe par les collectivités. L'UE s'est engagée en 2022 à transformer 100 villes en zones climatiquement neutres et intelligentes d'ici 2030. Cette initiative s'inscrit dans une volonté plus large de répondre aux défis sociétaux majeurs tels que la protection des océans, l'adaptation au changement climatique et la transition vers des villes plus vertes. L'urbanisation croissante en Europe souligne l'urgence d'agir au niveau local pour relever les défis climatiques.
Dans ce sens, la transition vers une mobilité verte demeure une priorité absolue pour l'UE, avec pour objectif de rendre les nouveaux véhicules émetteurs zéro d'ici 2035. Cette transition nécessitera d'importants investissements dans l'infrastructure de recharge et le développement du transport ferroviaire, offrant ainsi des opportunités de croissance économique et d'innovation dans le domaine des technologies vertes.
Initiatives et solutions locales
Les rendez-vous du HUB Institute ont déjà été le théâtre de discussions animées avec des acteurs clés de la mobilité européenne, notamment Porto, Helsinki et Bruxelles. Ces rencontres ont offert une plateforme d'échange unique pour discuter des défis et des opportunités en matière de mobilité dans ces villes emblématiques.
Porte se fixe un objectif ambitieux : atteindre la neutralité carbone d'ici 2030. Pour relever ce défi, la ville a élaboré un Pacte climatique, rassemblant citoyens, entreprises et institutions dans une démarche collaborative. À travers ses rues en pleine mutation, on découvre une Porto en plein changement : 40% de la flotte d'autobus sera électrifiée d'ici 2027, un investissement d'1 milliard d'euros est prévu pour deux nouvelles lignes de métro, et des panneaux solaires recouvrent les toits des bâtiments municipaux. La ville met l'accent sur la réduction des émissions, provenant principalement des bâtiments (50%) et de la mobilité (40%).
Helsinki se concentre sur une croissance durable tout en respectant les contraintes écologiques. Avec une population croissante, la ville cherche des solutions de transport efficaces, en priorisant les modes de déplacement écologiques. Son objectif est aussi devenir neutre en carbone d'ici 2030, en réduisant les émissions liées à la circulation qui représentent plus de 20 % des émissions urbaines. Pour cela, Helsinki investit dans des infrastructures cyclables, favorise la marche et les transports publics, et renforce son réseau de recharge pour les véhicules électriques. La ville analyse régulièrement ses mesures pour maintenir une mobilité durable, adaptée aux besoins de tous les citoyens.
Bruxelles, autrefois considérée comme “en retard” en matière de mobilité et de durabilité, a opéré une transformation majeure. Trois facteurs clés ont contribué à ce changement :
- Une vision cohérente : Bruxelles adopte une approche holistique en considérant tous les moyens disponibles pour rendre la ville attractive, en se concentrant sur les trajets et l'urbanisme. L'objectif est de créer une "ville des 10 minutes" et d'apaiser les quartiers.
- Une volonté politique : Des mouvements citoyens ont émergé, plaidant pour des politiques axées sur la sécurité routière et la qualité de l'air, renforçant ainsi la base d'adhésion aux politiques de mobilité.
- Une évolution naturelle : La piétonnisation des espaces, l'un des combats historiques de la ville, a contribué à changer la perception de Bruxelles et à créer des quartiers plus paisibles en déplaçant le trafic vers des axes périphériques.
Ces exemples démontrent de manière exemplaire comment les villes européennes répondent aux défis climatiques qui se présentent à elles. Chacune, à sa manière, adapte ses politiques et ses infrastructures pour atteindre des objectifs ambitieux en matière de durabilité et de mobilité.
Investissements et innovation
L'UE s'appuie sur des partenariats publics-privés et des initiatives de financement pour accélérer le développement de technologies innovantes. Le Conseil européen de l'innovation (EIC) joue un rôle central dans cette démarche, en soutenant les projets novateurs et en facilitant les collaborations entre les grandes entreprises et les PME.
Le financement de la recherche et de l'innovation est essentiel pour stimuler le développement de solutions technologiques innovantes dans des domaines tels que les énergies renouvelables, le stockage de l'énergie et la mobilité électrique. En investissant dans ces secteurs, l'UE peut renforcer sa position de leader mondial dans la lutte contre le changement climatique et promouvoir une croissance économique durable.
Le 5 mars prochain, lors du Mobility Impact Forum, nous aurons le privilège d'accueillir de nouveaux représentants européens. Des élus de Copenhague, Milan et Malmö, en Suède, prendront la parole pour partager leurs perspectives sur les enjeux de mobilité dans leurs villes respectives. Cette rencontre promet d'offrir une vision d'ensemble des initiatives et des défis rencontrés dans ces centres urbains dynamiques, et de susciter des discussions fructueuses sur les moyens de promouvoir une mobilité durable et inclusive en Europe.