Cercle Des Territoires Innovants

Résilience territoriale : prospective et planification

19/7/2024
Cercle Des Territoires Innovants
19/7/2024
temps de visionnage :

Résilience territoriale : prospective et planification

Ecouter cet article
Partager cet article
Lila Ricci
Content producer
No items found.
No items found.
En partenariat avec
Face aux défis croissants du changement climatique, les métropoles françaises sont en pleine transformation. La végétalisation urbaine s'impose comme une solution clé pour lutter contre les îlots de chaleur et améliorer le confort des habitants. Des initiatives innovantes fleurissent partout en France, allant des mâts végétalisés aux jardins de pluie, en passant par le réemploi d'espaces publics emblématiques.

Face aux défis climatiques, une transformation urbaine en cours

Îlots de chaleur : fléau des métropoles

Les vagues de chaleur en milieu urbain sont devenues un enjeu majeur pour les métropoles françaises, avec des températures pouvant augmenter de 5°C dans les centres-villes. Pour Paris et d'autres grandes villes, la végétalisation urbaine est la réponse privilégiée pour apporter fraîcheur et confort. La clé de cette transformation réside dans la "déminéralisation" : remplacer le béton par de la terre afin de permettre l'infiltration de l'eau et l'évapotranspiration. Cependant, ce processus rencontre des défis particuliers, notamment la préservation du patrimoine architectural.

Un exemple emblématique de cette complexité est la place de la Concorde à Paris. Historiquement minérale, elle sera végétalisée malgré les préoccupations des architectes et conservateurs du patrimoine. Ceux-ci craignent que la présence d'arbres puisse nuire à la perspective emblématique de cette place, donnant sur les Champs-Élysées et l'Assemblée nationale.

Un exemple qui illustre bien le défi d'équilibrer la lutte contre les îlots de chaleur urbains et la préservation du patrimoine historique.

Innovations vertes pour les villes

Les plantes sont des alliées précieuses dans la lutte contre le changement climatique, et diverses solutions innovantes permettent de les intégrer dans notre quotidien de manière efficace.

Mube, en partenariat exclusif avec TDF, un acteur majeur des infrastructures télécoms, a développé des mâts végétalisés. Dans le Val-de-Marne, ces mâts, ornés de 240 plantes méditerranéennes, contribuent à réduire les îlots de chaleur en milieu urbain et absorbent annuellement 180 kg de CO2. Cette initiative répond aux besoins des collectivités locales en alliant couverture internet et verdure.

Source Urbaine se distingue par la collecte et la gestion intégrée des eaux de pluie provenant des toitures et voiries urbaines. Ses Jardins de Pluie permettent une irrigation efficace des espaces verts sans recourir à des systèmes d'arrosage coûteux. Ils contribuent également à réduire les rejets d'eaux pluviales dans les réseaux d'assainissement et favorisent la végétalisation urbaine. Les équipements modulables de Source Urbaines peuvent être installés de manière hors-sol ou enterrée, offrant une solution flexible aux collectivités.

Petite Nature offre un autre genre de solution. La startup se spécialise dans la végétalisation personnalisée des espaces de travail, tout en promouvant des valeurs d'économie circulaire, de production locale et de solidarité. La startup propose des produits originaux, comme des coussins végétalisés, inscrits dans une démarche de recyclage. En collaborant avec des ESAT pour l'entretien des plantes, elle soutient également l'emploi de personnes en situation de handicap.

Nice : un modèle de renaturation urbaine

La ville de Nice se distingue par son engagement dans la renaturation urbaine. La récente inauguration de l'extension de la promenade du Paillon, une vaste coulée verte au cœur de la ville, marque une étape importante. Ce jardin en restanque de 5000 m² avec 150 arbres a été bâti sur l'ancien site du Théâtre National de Nice, démoli non sans polémique. À l'époque, une alternative avait été soulevée au nom de la rénovation et la végétalisation des bâtiments. Conçue lors d'ateliers participatifs, celle-ci mettait en avant les émissions de CO2 liées aux démolitions et reconstructions.

Le projet s'inscrit dans une stratégie plus large visant à renaturaliser 67 hectares de friches dans la vallée du Var d'ici 2030. L'objectif : faire de Nice la première métropole française à adopter une stratégie ambitieuse pour la biodiversité. En mai, la ville a ouvert un parc de 5 700 m², réduisant de 55% la terre artificialisée et incluant des pistes cyclables et des parcours piétons. En 2025, un jardin de 5,5 hectares avec 140 000 arbres constituera la première étape du "Central Park" de Nice.

Une volonté de durabilité et de résilience illustrée par les Jeux Olympiques

Des JO sous haute surveillance climatique

Les Jeux de Paris 2024 sont également impactés par les vagues de chaleur. Une publication récente, Rings of Fire : Heat Risks at the 2024 Paris Olympics, révèle que les températures de juillet et août ont augmenté de 2,4°C et 2,7°C respectivement depuis 1924, année de la dernière édition parisienne des Jeux. Ces épisodes de chaleur extrême pourraient compromettre le bon déroulement des compétitions, comme cela a été observé lors des Jeux de Tokyo en 2021.

Les conséquences multiples de la chaleur extrême, allant des perturbations du sommeil des athlètes aux changements de dernière minute des horaires d'épreuves, sont un défi majeur pour les organisateurs. Les Jeux de 2024, qui ont dès le départ clamé leur ambition de devenir "les Jeux les plus verts de l'Histoire", a fait le choix de systèmes de refroidissement géothermiques. Certaines délégations, comme la Grèce et l'Australie, ont tout de même choisi de prendre avec elles leurs propres climatiseurs portables.

Que faire de son héritage olympique ?

Nice n'est pas seule dans son choix de recycler des installations emblématiques.

De l'autre côté de la Manche, presque 12 ans après les Jeux de Londres, les installations sportives sont encore utilisées. L'ancien maire, Ken Livingstone, a saisi l'occasion pour régénérer l'Est de Londres. Depuis la tour Orbit, emblème de l'édition 2012, on peut voir l'ampleur du projet : le stade olympique utilisé par le club de football West Ham, le centre aquatique, le village olympique transformé en complexe résidentiel, le centre des médias devenu incubateur de start-up, ainsi que le vélodrome et d'autres centres sportifs toujours en activité.

L'enjeu des "éléphants blancs" a été une préoccupation majeure pour les villes hôtes des Jeux Olympiques. Historiquement, de nombreuses villes ont été laissées avec des infrastructures coûteuses et sous-utilisées après les jeux, aggravant les dettes publiques. Athènes (2004) et Rio (2016) en sont des exemples marquants, avec des installations sportives abandonnées et une charge financière écrasante. En Chine, le stade national de Pékin, dont la construction avait coûté 500 millions de dollars, nécessite à l'année 10 millions pour son entretien.

Cependant, Pékin n'en est pas restée là. Pour les Jeux d'hiver de 2022, plus de la moitié des infrastructures utilisées provenaient des Jeux de 2008. Le Water Cube, par exemple, a été transformé en Ice Cube pour les compétitions de curling. Cette réutilisation a réduit considérablement les coûts de construction et d'entretien, tout en garantissant une utilisation durable des infrastructures.

Qu'en sera-t-il de Paris ?

La résilience territoriale passe par une prospective et une planification minutieuses. Nous suivrons avec intérêt les retombées une fois ces Jeux passés. La végétalisation urbaine, l'optimisation énergétique et la création d'infrastructures durables sont des stratégies essentielles pour répondre aux défis climatiques et énergétiques. Les exemples de Paris, Nice et les futurs Jeux Olympiques illustrent les efforts en cours pour créer des villes plus durables et vivables, tout en préservant le patrimoine historique et en garantissant un héritage positif pour les générations futures.

New call-to-action
Newsletters du HUB Institute