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Transformation numérique : l’économie de la fonctionnalité, pour une relance économique durable

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Transformation numérique : l’économie de la fonctionnalité, pour une relance économique durable

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A l’heure où la transformation numérique devient inévitable pour le secteur privé et le secteur public, réfléchir à son impact environnemental est le devoir de tous. L’économie de la fonctionnalité (également représentée par le concept de XaaS, ou Everything-as-a-Service), orientée non plus sur la propriété des biens mais sur leurs usages, aurait le potentiel de réduire l'impact climatique et la consommation de ressources informatiques. Retour sur cette table ronde consacrée à l'avenir du numérique.

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En préambule, Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications électroniques, met en avant le fait que de nombreux débats ont lieu actuellement sur l’empreinte écologique des technologies numériques. Certes, le numérique se développe très vite, ce qui induit davantage de dépenses énergétiques, mais il s'agit également d'un levier pour réussir la transition écologique. Par extension de la “loi de Shannon”, on peut considérer que "plus on met de l’intelligence dans un système, plus il devient efficace". Et c’est là que réside le défi pour le Secrétaire d’Etat : collecter la donnée et rendre transparents les modes de fonctionnement pour permettre de réussir la transition énergétique : “cela passe donc par plus d’intelligence artificielle, plus de numérique, plus de systèmes connectés et intelligents, etc.”.

En outre, la question de la propriété est essentielle : l’économie de l’objet laisse place à l'économie de l’usage ou de la fonctionnalité. Cette fluidification entre offre et demande est indispensable, mais irréalisable sans le numérique. Toutefois, précise l’élu, le numérique seul ne répond pas à toutes les questions : que va-t-il advenir des équipements obsolètes, comme les voitures, qui ne seront plus utilisés ? Comment une politique fondée sur la croissance peut-elle réduire l’impact écologique des entreprises et collectivités tout en permettant une consommation modérée ?

 

Les organisations auraient accéléré leur transformation numérique aussi rapidement ces 8 derniers mois que ce qui a été fait en 8 ans, d’où la nécessité pour le numérique d’être au cœur de la reprise économique.

 - Perle Bagot, Directrice associée (HUB Institute)

Comment allier numérique et reprise économique ?

Mathieu Weill, Chef du service de l'économie numérique – DGE Ministère de l'économie, revient sur le rôle du numérique, qui a été particulièrement mis en avant pendant le premier confinement. Ce que l’on n’avait pas anticipé est qu’il s’agit d’une ligne de vie pour l’économie (et les commerces fermés le ressentent), et cela apparaît comme une des seules manières de poursuivre de nombreuses activités comme l'éducation, l’information ou le débat politique. "Nous avons probablement gagné plusieurs années avec cette crise, et le plan de relance entend bien capitaliser sur cette dynamique", explique-t-il. Avec 7 milliards d’euros engagés jusqu’en 2022, le numérique est le pilier de ce plan, avec 4 grands axes :

  • Environ 3,5 milliards sur l’innovation, les startups et la souveraineté technologique ;
  • 800 millions pour la ligne de vie, c’est-à-dire un numérique accessible à tous ;
  • 300 millions pour les métiers du numérique et les compétences ;
  • la transition numérique des entreprises et de l’Etat.

La relance de l'économie dépend donc de ces questions centrales : la soutenabilité, l’accessibilité aux données et un numérique tourné vers l'avenir.

Concernant l'accessibilité, Eric Bothorel, Député des Côtes d’Armor, estime que cette question existait déjà avant la crise. Aujourd’hui, l’enjeu est de pouvoir accéder et partager rapidement la donnée, au vu des défis qui émergent. Nous avons encore des choses à apprendre, comme dans le cadre de l’assainissement des eaux et de la mobilité. Par construction, beaucoup d’entreprises se sont concentrées sur un secteur d’activité unique, ce qui s’est avéré être un frein en temps de crise. "Nous avons ainsi travaillé pendant 6 mois sur un rapport, qui a démontré la nécessité d’aller plus loin dans l'accès et la circulation des données, sans brider l’innovation et l’intelligence artificielle”, indique-t-il. Cette transformation numérique ne peut donc se réaliser que si les entreprises s’avèrent assez matures pour l’amorcer.

Le dynamisme est une réalité en France sur ce sujet, et ce depuis plusieurs années. HPE sert tous types de clients à travers ses réseaux de partenaires. L’entreprise a donc une vue assez claire sur l’évolution de la transformation numérique.

- Alain Melon, Président Directeur Général, Hewlett Packard Enterprise (HPE)

L’adoption des technologies était déjà enclenchée, mais la pandémie en a été un accélérateur : le télétravail et les questions de cybersécurité, par exemple, ont émergé, et il n’y aura pas de retour en arrière, explique Alain Melon. Un constat qui se vérifie également dans le secteur public (avec les appareils dans les hôpitaux qui nécessitent de la connectivité, la radiologie, etc.) où le plan de relance a bien fonctionné sur le volet du numérique. Pour Alain Melon, le premier frein à cette transformation des entreprises se cristallise autour des enjeux financiers : les entreprises doivent savoir trouver et mobiliser des moyens financiers pour l’opérer. Sur cette dimension, HPE a également un rôle à jouer en orientant les entreprises vers des modèles de cloud hybride sur-mesure, et ne demandant pas d’importants investissements.

À lire également : "Le numérique responsable au cœur d’une relance économique durable"

Vers un numérique au service de la transition durable ?

Pour Jean-Christophe Chaussat, Président et cofondateur de l’Institut du Numérique Responsable (INR), le numérique doit aujourd’hui être considéré à l'aune du développement durable, avec les "3P" (People, Planet, Profit), qui en sont indissociables. Le fait de rentrer dans cette logique permet d'intégrer ces 3 dimensions (sociale, environnementale et économique), puis de trouver des solutions plus durables. Pour l’expert, la réussite de cette transition est l’affaire de tous et va dépendre de nos choix et orientations. Charge donc aux acheteurs comme aux fournisseurs de service de s’orienter vers le numérique pour que leurs entreprises soient moins polluantes et plus inclusives. Il faudra également faire en sorte que les applications soient “mobile first”, donc les plus simples et sobres possible. On le voit avec la pandémie, la fracture numérique, notamment avec les étudiants et les parents en télétravail, est non négligeable : 20 à 25 % de la population se sent écartée du numérique, ce qui représente un manque à gagner, y compris dans l'intérêt des organisations”, explique-t-il. Enfin, les entreprises doivent répondre à l’épineuse question de la fin de vie du matériel, afin de générer une boucle vertueuse qui profite à tous.

Jean-Christophe Chaussat ajoute que le numérique responsable est rentré dans les axes stratégiques des entreprises, et cela se concrétise de plus en plus aujourd’hui. L’expert évoque quelques-uns des dispositifs mis en place par l’INR. “Typiquement, à l’INR, on a travaillé à une charte du numérique responsable, signée notamment par Alain Melon pour HPE, avec des exemples concrets d'entreprises engagées. Il va maintenant falloir y travailler davantage, avec des expertises et outils comme les MOOCs, des groupes de travail sur l’IA [Intelligence artificielle, NDLR], l’architecture, l’éco-conception de logiciels. De plus, nous allons lancer un guide des achats numériques responsable avec l’ADEME et d’autres organismes de l'État. On va donc sortir un référentiel des achats publics et privés, produit avec l’expertise de tous nos partenaires”, affirme-t-il.

Alain Melon revient sur l’engagement de HPE en matière de transition écologique et économique : “Nous avons pris cet engagement car nous avons la conviction qu’il est possible d'accélérer et de se transformer. En tant qu'industriel, HPE a accéléré en interne sur les sujets écologiques, comme avec l'éco-conception des produits, l’éco-usage ou usage raisonné, mais aussi le reconditionnement du matériel, pour permettre une économie circulaire et éviter une obsolescence trop rapide”. HPE a également accéléré sa démarche RSE auprès de ses partenaires. “Comme tous, nous mesurons notre empreinte carbone, et on remarque que dans l’entreprise, la consommation est surtout liée à l’usage de produits. Nos équipes travaillent sur ces bonnes pratiques avec l’INR pour avoir un impact positif sur la planète”. Il enjoint ainsi l’ensemble des acteurs industriels à adhérer à cette dernière afin que les actions se concrétisent.

Cette convergence des enjeux numériques et environnementaux est également l’une des priorités du gouvernement français, comme l’explique Mathieu Weill. Pour lui, il est aujourd’hui nécessaire d’aller beaucoup plus loin sur ces sujets, pour identifier les vrais leviers d’actions. Cependant, les études sont contradictoires sur ce qu’il faut faire. Le premier axe consiste donc à poser les sujets et donner plus de pouvoir aux autorités, pour mieux mesurer ces données. Deuxièmement, il faut un numérique plus mesuré et plus responsable. Beaucoup, comme HPE et d’autres signataires de l’Appel Tech For Good y travaillent déjà. Troisièmement, il ne faut pas négliger et l’impact du numérique comme levier pour une croissance plus écologique et la réduction des émissions dans des secteurs comme l’industrie et les transports. 

Nous mettons ces 3 axes en place, avec des codes de bonne conduite, un vrai soutien à la filière du reconditionné et l’éco-conception des produits.

- Mathieu Weill, Chef du Service de l’Économie Numérique à la Direction Générale des Entreprises

Pour Eric Bothorel, ce débat du numérique durable est complexe : il faut donc éviter les fausses bonnes idées et ne pas oublier qu’on consomme toujours plus dans un espace fini, notamment avec la population qui croît. Il doit y avoir une objectivation des enjeux, et ne pas utiliser systématiquement les solutions les moins coûteuses”. Accompagner la modification de la fiscalité est également clé, et des amendements sont régulièrement soumis, à ce sujet.

Economie de la fonctionnalité : bienvenue dans l’ère du "Everything-as-a Service" !

Pour Alain Melon, l'opportunité représenté par le modèle Everything-as-a-Service est financière et écologique. Pour les entreprises, les bénéfices écologiques doivent être prévus dans le business plan, avec les économies financières qu’ils impliquent.

  • Un premier défi concerne le surapprovisionnement : beaucoup de serveurs sont sous-utilisés (25 %), cela doit être diminué via des moyens financiers dégagés. 
  • Un deuxième défi est que cela permet d’avoir un matériel plus performant et un marché de la seconde main plus important
  • Enfin, le troisième défi concerne le reconditionnement des serveurs informatiques : en les remettant en conditions, il y a non seulement un bénéfice financier, mais on évite en plus le gaspillage.

Pour Eric Bothorel, l’Infrastructure-as-a-Service est investissement beaucoup plus rentable, malgré la sérendipité propre au numérique. Les services managés et services cloud, en matière de cybersécurité, d’agilité, et même de durabilité, offrent des résultats beaucoup plus optimaux que ne peuvent le faire les investissements dans des serveurs en propre. Tous les services de l'État y bénéficient, car cela leur permet de s’adapter et de se renouveler. Dans les collectivités, il y a une nécessité d’expertise, d’accompagnement et formation, notamment pour les données sensibles de structures comme les EHPADs, qui ont besoin d’experts sur ces sujets. L’IaaS, via les amendements qui sont signés, est essentiel si l’on veut des services parfaitement opérants.

Mathieu Weill revient sur le déploiement de ce type de solutions au sein de l’administration. Pour lui, ce modèle économique mutualisant les fonctions permet d'être plus rapide, plus efficace et agile pour l’économie et le public. “C’est central, car on ne sait pas de quoi demain sera fait ; donc on cherche à le pousser un maximum, mais nous essayons de ne pas être naïfs, de faire attention aux critères comme la sécurité, la résilience, et être attentif à la réversibilité et l’intermodalité de ces problèmes”, explique-t-il. Il enjoint également le public à ne pas confondre souveraineté et protectionnisme. “Il s’agit plutôt d'assurer la continuité de notre libre choix et prendre des décisions conformément à nos valeurs. Ainsi, on peut soit réglementer, investir ou innover, pour que l’Europe soit un marché à part entière. Une montée en gamme technologique nous permettra de mieux défendre nos valeurs, et c’est le sens du plan d'investissement d’avenir”, conclut-il.

Alain Melon poursuit : par rapport aux données, la question est surtout celle de leur transport. Aujourd’hui, sur le modèle cloud, la question du choix de l’architecture, mais aussi celle de la gouvernance, entre en jeu. Il y a un vrai enjeu qui consiste à avoir un stockage efficace pour assurer la circulation des données. En matière de développement durable, les DSI ont également un important rôle à jouer.

Pour Jean-Christophe Chaussat, si le rôle du DSI est au cœur du système, il n’est pas assez mis en avant par rapport à sa contribution aux ODD (Objectifs de Développement Durable, selon l’ONU) : “On se rend compte que si on n'a pas d'humains en bonne santé on n’a plus d’économie, donc le développement durable est central. Il faut maintenant communiquer davantage sur le numérique responsable”, précise-t-il.

Pour conclure, Eric Bothorel évoque les différents freins au déploiement de ce type de modèle. Pour le député, il est nécessaire de :

  • s'acculturer, pour les entreprises et les collectivités, aux investissements informatiques ;
  • combiner écologie et cybersécurité ;
  • encourager les écosystèmes français ;
  • faire monter en gamme les infrastructures pour gagner en résilience.
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