CRE : faut-il réguler la filière hydrogène ?
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En propos liminaire, Ivan Faucheux rappelle le rôle du Comité de prospective de la CRE "Nous essayons de réfléchir pour transformer ce qui peut être une polémique en controverse, c’est-à-dire que nous apportons de la raison dans les débats en échangeant avec les différents acteurs." Parmi les thèmes abordés pour cette 3e saison : l'hydrogène et son usage. "Nous avons essayé de positionner l'usage de l'hydrogène en 2030 sur 3 grands marchés : l'industrie, le transport et l'usage pour les systèmes énergétiques", explique l'expert. Sur ce dernier point, le comité se montre dubitatif. "L'hydrogène n'est pas une source d'énergie, mais un vecteur d’énergie. Son usage massif peut-être intéressant dans le cadre de réseaux défaillants ou de zone faiblement interconnectée. Mais dans le cas d'un pays comme la France, qui ne répond à aucun de ces deux points, le besoin de l'hydrogène n'apparaît pas", explique Ivan Faucheux.
Dans le cadre de l'industrie, un premier blocage réside dans le fait que l'hydrogène représente une matière première. "Pour décarboner l'industrie, il faut décarboner l'hydrogène. La technique la plus utilisée pour la production d'hydrogène est celle du vaporeformage, qui porte le prix de l'hydrogène à environ 1,05€ le kilo. Le processus de décarbonation coûte en moyenne entre 80 et 105€ par tonne de CO2. Beaucoup d'acteurs rient face à ce coût, mais le prix fluctuant de la tonne de CO2 peut transformer cela en réalité", explique Ivan Faucheux. Pour l'expert, le potentiel le plus important réside dans le secteur de la mobilité, et notamment dans le transport lourd, qui inclut le fret routier.
On pourra dire ce que l'on veut : l'avenir n'est pas écrit ! L'important est de rester attentif aux signaux faibles, aux évolutions massives que vont connaître les systèmes énergétiques et les systèmes de vie. Il ne faut rater aucune opportunité.
- Ivan Faucheux, Commissaire référent du Comité de prospective (CRE)
De fait, quelle couleur choisir pour son hydrogène ? Si l'hydrogène vert, obtenu à partir d'eau et d'électricité, est très plébiscité, il possède néanmoins 2 facteurs de coûts massifs : le prix d'un électrolyseur et le prix de l'électricité. "Notre conviction sur ce sujet c'est qu'on ne pas faire porter au développement de la filière hydrogène le risque de surcoût lié à la filière ENR, qui n'est pas achevée en France." De fait, pour la CRE, il faut aujourd'hui faire de l'hydrogène décarboné indépendamment de la source d'électricité, à partir du moment où celle-ci est elle-même décarbonée. "Traduction : dans les pays où il n'y a pas d'autres sources massives d'énergies décarbonées que les ENR, il faut utiliser les ENR. Dans le cas de pays ayant la chance d'avoir une production électrique majoritairement décarbonée, comme la France avec le nucléaire, alors on n'a pas le luxe de faire porter le risque de surcoût à la filière hydrogène", explique l'expert.
Sur le sujet de la régulation de l'hydrogène, Ivan Faucheux appelle à la prudence. "Dans la majorité des cas, on régule un secteur afin d'assurer des investissements sur le long terme de la part des acteurs économiques. Cela implique d'assurer la perspective d'un revenu lissé et constant dans le temps pour ces dit-acteurs. Au fond, ces derniers adorent être régulés puisque cela leur assure de rentabiliser leurs actifs. […] Dans le cadre de la régulation d'un marché de masse, un mauvais investissement sera forcément payé par le consommateur dans le temps", conclut-il.
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