Du Futur aux Futurs : Possible Future nous livre les grandes clés d’une prospective efficace
"Demain, vos entreprises, dans leur état actuel, n’existeront peut-être plus” affirme Faten Saleh. En effet, à l’heure où les enjeux RSE occupent une part grandissante de la stratégie des entreprises, il faut savoir se confronter à la non-viabilité certaines pratiques. La transition écologique est une transformation systémique qui demande de se projeter sur le long terme. Alors que le changement climatique provoque une forme d’incertitude, la prospective offre les outils nécessaires pour envisager demain.
“Personne ne peut prédire votre futur”
Comment pratiquer cette philosophie en action, préparer le futur de l’entreprise en partenariat avec celui de l’ensemble de l’humanité ? Envisager des futurs possibles pour mieux s’y préparer, c’est analyser à la fois les “tendances lourdes qui vont marquer les comportements” et les “signaux faibles qui vont émerger de la société civile, de la science” pour les tirer dans différente directions et créer des scénarii plus ou moins souhaitables.
"Personne ne peut prédire votre futur pas plus que vous ne pouvez le prescrire"
- Faten Saleh Possible Future Principal and Co-founder
“Vous allez imaginer vos futurs”
La prospective est nécessairement biaisée, nourrie des choix que l’on fait dans l’imagination des futurs. Ces derniers peuvent être, cependant, plus ou moins souhaitables, plus ou moins plausibles, et doivent rester réalistes afin que les solutions envisagées puissent être utiles. Cela signifie-t-il qu’il n’y a aucune limite à la prospective ? Faten Saleh l’assimile à un cadre un “cap durable”, soit l’objectif vers lequel les efforts de l’innovation vont tendre - par exemple, la neutralité carbone à horizon 2050. La physique vient alors imposer des limites et guider l’exercice de prospective.
S’appuyant sur l’exemple des industriels de la viande, Faten Saleh présente un programme en quatre étapes. Selon elle, un futur binaire, où nous serions tous carnivore ou tous végan ne serait ni très réalistes, ni très générateurs d’innovation. La co-fondratrice de Possible Future en vient à séparer les futurs qui peuvent surgir d’un tel exercice d’idéation en trois catégories :
- les futurs préférables : c'est-à -dire ceux que l’on souhaite voir advenir, qui sont favorables à l’entreprise. Ceux-ci ne sont pas non plus les plus intéressants car ils ont tendances à maintenir une forme de status quo qui ne permet pas de faire émerger de grandes innovations mais peuvent servir de “scénario de base”
- les futurs probables : ils s’appuient sur tendances lourdes et sont un peu plus challengeant que les futurs préférables
- les futurs possibles : ceux-ci se fondent au contraire sur les signaux faibles et viennent donc sortir de ce qui est familier et s’approchent plus d’une forme de science fiction voire de dystopie. Cette sortie de la zone de confort exige alors plus d’ingéniosité et donc d’innovation dans l’imagination de nouveaux modèles économiques.
Il reste alors à définir comment procéder dans l’exercice de prospective. Faten Saleh donne ici plusieurs éléments à observer pour guider la réflexion et faire advenir ces différents futurs réalistes
- Observer le passé : en comprendre les usages et habitudes et utiliser le présent comme miroir, s’inspirant du passé pour projeter un changement dans le futur.
- Étudier les imaginaires : interroger les récits collectifs et représentations en analysant les différents matériaux culturels. Cela permet d’interroger le poids que l’on donne à certaines actions mais aussi les raisons pour lesquelles on le fait.
- Écrire des scénarii polarisés : on vient alors à “avoir des discussions au présent dans ces futurs”, faisant émerger de grands thèmes qui seront ceux de l’innovation. Pour cela, il faut que les scénarii soient polarisés, qu’ils portent en eux une vision assez chargée de significations pour susciter un débat.
- Incarner les futurs : toutefois, Faten Saleh met en avant que sans recours à différentes techniques de créativité, la projections dans ces futurs est impossible et il faut donc incarner ces futurs pour qu’ils puissent faire advenir l’innovation.
Pour conclure, Faten Saleh en vient à retourner la question qu’elle se posait au début de son intervention. De “Quel futur pour mon business?”, on passe à “Quel business pour notre futur?”