La sobriété : nouveau relais de croissance
Depuis 50 ans, les bénéfices de la mondialisation en termes de massification des flux, de concurrence et d’amélioration du pouvoir d’achat des clients se voient dans la grande distribution. Mais on voit également depuis 20 ans la limitation des ressources. Une question se pose alors, à savoir : faut-il aller vers une économie décroissante ?
Il n’est pas difficile d’y répondre… En effet, personne ne veut arrêter de croître. C’est notamment le cas des pays en voie de développement, qui affirment leur position lors des négociations et discussions.
C’est là qu'intervient la sobriété. On peut penser que celle-ci est similaire au développement durable, mais l'engagement qu'elle suscite est différent. Le développement durable serait une vision plus lointaine – elle garantit l’avenir des générations futures pour laquelle les consommateurs ont du mal à se mobiliser. Tandis que la sobriété a à son avantage l’instantanéité – elle ne profite pas seulement aux enfants ou petits-enfants.
Lorsqu’on parle de sobriété, la première image est celle de la sobriété énergétique mise en place par le gouvernement. Elle arrive de plus en plus dans le débat public : “tout le monde pense que c’est une bonne idée, mais il faut aller au-delà de l'énergie”, affirme Carine Kraus. Mais en quoi la sobriété est-elle un relais de croissance ? Carine Kraus utilise le cas de Carrefour pour y répondre :
- C’est un relai de croissance car c’est une demande des consommateurs : ils veulent plus de sobriété, et moins d’atteinte aux sols et aux ressources naturelles. Les clients demandent le développement de filières bio et sans pesticides.
- Elle est demandée par les actionnaires et investisseurs.
- Les employés l'attendent aussi : il y a une grande fierté à se mobiliser sur la sobriété. L’objectif est de faire vivre la raison d'être de Carrefour, mais aussi de continuer à être un distributeur sobre.
Grâce à la sobriété, Carrefour crée de la valeur en se mobilisant et en innovant sur 4 axes :
- La sobriété sur le climat : comment continuer à proposer des produits et services en magasin tout en ayant moins d’impact sur le climat ? Carrefour a développé une initiative bio portant sur l’atteinte des sols. L'enseigne utilise des procédés agricoles nécessitant moins de pesticides et polluant moins les sols ; elle s'engagent aussi à porter la sobriété de leurs fournisseurs. Pour ses 100 plus grands fournisseurs, Carrefour va exiger une trajectoire climat. Ils devront la mettre en place d’ici 2026, au risque de se voir déréférencer.
- La sobriété dans les emballages : Carrefour se mobilise pour retirer les plastiques inutiles. Leur engagement : avoir 100% d’emballages recyclables d’ici 4 ans.
- La sobriété dans le gaspillage alimentaire : limiter le gaspillage alimentaire autant que possible avec des politiques de démarque. Lorsqu’un produit arrive à date d'expiration, Carrefour fait une réduction. Des partenariats sont aussi mis en place, notamment avec la startup “Too Good To Go” qui propose des paniers à prix réduits. L'enseigne fait également des dons d’invendus.
- La sobriété sur les produits : Carrefour a lancé une initiative pour réduire les tonnages de sucre, de sel et de substances controversées dans ses produits. Le distributeur souhaite retirer 2 500 tonnes de sucre (l’équivalent de 400 millions de carrés de sucre) sur leurs produits d’ici 4 ans, en commençant par des produits pour enfants. L’objectif est de garder le même plaisir gustatif avec des substances en moins. L’autre engagement est la réduction de 20% de ses assortiments en magasin.
Pour nous, cette politique de sobriété est un axe de développement très fort qui crée de la croissance. On le fait car on a des convictions : ça fait partie de notre raison d’être qui est la transition alimentaire pour tous, ça nous apporte des clients. On le fait également pour des raisons de santé et de climat.
- Carine Kraus, Directrice de l'Engagement chez Carrefour