Rendre le numérique plus humain et responsable
Quelles sont les actualités récentes de Greenmetrics, et notamment de ce mapping 2022 des startups à impact françaises réalisé par BPI France et France Digitale ?
Nicholas Mouret : Aujourd’hui, c’est vrai que la thématique des green tech - ou verdissement du numérique - prend de plus en plus d’ampleur. Nous faisons partie du mapping de ces startups à impact permettant une décarbonation des différentes industries et, dans notre cas, de celle du numérique. Nous avons également plusieurs actualités sur la partie réglementaire :
- Les décrets d’application sortis pendant l’été
- Un Haut comité du numérique responsable qui a été annoncé par le Ministère il y a quelques jours
- Une feuille de route pour le verdissement du numérique qui va être annoncée en début d’année 2023
On se rend bien compte que le sujet a été pris en main par les pouvoirs publics, ce qui va faire évoluer la réglementation, avec sûrement des sanctions dans les mois à venir mais surtout l’onboarding de l’ensemble des acteurs économiques dans cette dynamique.
Votre mission est de réduire l'impact environnemental des sites web des entreprises. Comment ces dernières peuvent-elles utiliser les indicateurs de Greenmetrics Analytics pour repenser leur stratégie numérique ?
NM : Toute la partie back d’un site internet, ses pages, son contenu multimédia, etc. est hébergée sur le cloud, et donc aussi en physique sur un data center ; cette machine, pour tourner, a besoin d’électricité. Ensuite, il y a toute la partie front à l’intention des consommateurs, qu’on pourrait apparenter au scope 3 dans un bilan carbone.
Un consommateur qui veut aller sur le site Internet de la Fnac doit alimenter son portable ou son ordinateur pour y accéder. Cela a son impact en fonction du lieu géographique, car la carbonisation de l’électricité n’est pas la même d’un pays à l’autre. En France, nous sommes bien lotis grâce au nucléaire, du moins plus que dans d’autres pays. Par exemple, l’électricité en Allemagne sera produite à partir de charbon.
Au centre du back et du front, il y a le site en lui-même, avec le parcours que font les différents visiteurs, mais aussi le poids des pages, les contenus, etc. Tout cela a un impact sur le volume de données et l’alimentation requise. Si l’on navigue sur Internet et qu’on regarde une vidéo extrêmement lourde depuis un iPhone 12, la demande sur la batterie ne sera pas la même que sur un ancien modèle, qui va lui être beaucoup plus gourmand en énergie.
Notre outil, Greenmetrics Analytics, va analyser l’appareil depuis lequel a lieu la visite, le lieu géographique du consommateur, son parcours, l’hébergement du site, la topologie des pages, l’UX, l’UI, etc. En fonction, nous allons faire des recommandations auprès de la marque ou du retailer pour lui permettre d’améliorer son taux de conversion et de comptabiliser plus de vente, grâce à des critères d’éco-conception de son site. À titre d’exemple : alléger le poids des pages et changer ou compresser le contenu multimédia.
Le client peut avoir un impact positif sur l’environnement tout en gardant un site Internet performant.
Greenmetrics travaille aussi maintenant sur un bloc “social”, et vous avez publié récemment une infographie sur l'accessibilité numérique. Quels sont vos critères d’analyse ?
NM : Depuis le début, nous avons souhaité avoir une démarche de l'impact au sens large, donc en incluant l’aspect social de la RSE. Nous allons remonter tous les critères de certification de mise en conformité des sites sur l’accessibilité ; cela va permettre aux marques d’avoir une vision d’ensemble et de rentrer dans une certaine granularité sur à peu près 70% des critères d’accessibilité d’une page web.
Les certifications classiques, comme les normes RGA, garantissent la considération des différents handicaps. Nous voulons rendre le numérique plus humain, et en même temps plus responsable.
Aujourd’hui, Greenmetrics accompagne une soixantaine de clients, particulièrement des grands groupes, qui ont une vraie volonté de s’engager. On voit bien qu’en attendant une réglementation plus large, il y a des secteurs d’activité qui sont plus sensibles. Les secteurs les plus engagés pour le moment sont les banques, les assurances, le luxe, la beauté, les médias, le retail…