“La région doit savoir exploiter ses spécificités”, disait Laurent Gauze de Perpignan Méditerranée Métropole lors du Sustainable Energies Forum de 2021. Pour une région en bordant les 200 000 kilomètres de côte du territoire français, la solution repose donc dans l’adaptation du front marin comme chantier d’expérimentation pour les énergies renouvelables - pour la filière hydrogène certes, mais pas seulement.

Début juin, c’est la commune de Saint-Nazaire qui a inauguré et produit de l’énergie avec le premier parc éolien marin de France. La mer permet aussi le développement de la biomasse, comme le montre l’évolution du projet Plastic Odyssey, porté par Simon Bernard. Porté sur les eaux par l’ambition de dépolluer les océans, le navire de 500 tonnes ne fait pas que revaloriser le plastique récupéré, mais le transforme aussi en carburant.

Alors que les quelque 50 000 navires déployés sur les océans sont responsables de l’émission d’un milliard de tonnes chaque année, il est normal que le développement de navires zéro émission ait le vent en poupe. Aujourd’hui, l’agglomération de Lorient prévoit un budget de 7 millions afin de remplacer sa flotte de batobus vieillissants par une flotte à hydrogène. La mobilité à hydrogène, qu’elle soit marine ou terrestre, génère un grand intérêt de la part des territoires. La commune d’Auxerre, aussi soucieuse de remplacer ses flottes de bus existantes, s’emploie à déployer des bus à hydrogène rattachés à la plus grande station française de production d’hydrogène vert, inaugurée en octobre dernier.

La mobilité aérienne n’est pas non plus en reste ; la région Nouvelle-Aquitaine, qui se targue de vouloir être “le territoire de la mobilité aérienne verte et durable”, investit notamment dans le développement d’un avion à hydrogène, l’Élixir Aircraft. À noter, ce projet n’a pas qu’un seul but : la région prévoit qu’il entraîne la création d’une dizaine d’emplois supplémentaires.

Retour à Lorient, où l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Bretagne sud a été, le 9 juin dernier, théâtre d’une journée dédiée aux nouveaux emplois liés à la filière hydrogène. Face à une opposition qui qualifie parfois l’hydrogène de ressource “immature” et “trop coûteuse”, les décideurs et porteurs de l’énergie dans les territoires mettent l’accent sur ces opportunités sociales pouvant justifier les investissements mis dans les centaines de projets énergétiques à travers les secteurs des villes et de l’industrie. Pour les modèles économiques existant, de plus, l'APP gouvernemental "HUB Hydrogène" prévoit d'accompagner les entreprises dans l’intégration de l'hydrogène dans leurs process.