5 tendances Industrie 4.0 vues à Hannover Messe 2019
L’édition 2019 d’Hannover Messe (la 72ème !) était placée sous le signe de l’intelligence industrielle – et le moins qu’on puisse dire, c’est que les 6 500 exposants présents sur place n’en manquaient pas dans leur capacité à présenter des équipements et solutions innovantes à destination des industriels confrontés aux enjeux de l’industrie 4.0. Voici quelques entreprises qui, par leur proposition de valeur, vont contribuer à dessiner le paysage des industries de demain.
1. La maintenance prédictive, levier incontournable de productivité
La maintenance prédictive est certainement l’un des services les plus aboutis en matière d’usage de la data dans le milieu industriel. Comment optimiser des processus de maintenance coûteux en temps et en matériel tout en anticipant les pannes pour ne pas nuire à l’expérience de l’utilisateur final ? L’intelligence artificielle s’impose comme une obligation pour les industriels qui veulent pouvoir profiter des 630 milliards de dollars d’économies potentielles à réaliser sur le marché d’ici 2025 via la maintenance prédictive, selon le cabinet McKinsey.
Amiral Technologies, startup française fondée par Katia Hilal et Mazen Alamir, a fait le voyage à Hanovre. Présente sur le stand de la French Fab, la jeune pousse exploite une solution de maintenance prédictive issue de plusieurs années de recherche du CNRS en intelligence artificielle. Elle vise, grâce à son offre, “une industrie du futur qui sera zéro défaut et zéro panne”.
Un algorithme de « génération automatique de caractéristiques discriminantes » constitue le coeur de son innovation, afin de proposer des modèles performants et puissants de maintenance prédictive. Ceux-ci, combinés à des algorithmes de prétraitement des données, permettent de maximiser la disponibilité des équipements, tout en optimisant les coûts de maintenance. Les données sont recueillies grâce à la mise en place sur les équipements industriels de capteurs connectés, qui mesurent des critères comme l’intensité du courant électrique, des vibrations ou encore le taux d'humidité.
À la clé, des gains immédiats sur les coûts de maintenance (de 30 à 50% selon l’entreprise), et en disponibilité des équipements (jusqu’à 100%, toujours selon Amiral Technologies).
2. OPC UA, le protocole de communication de l’Industrie 4.0
L’essor de l’IoT à visée industrielle a attiré les acteurs de l’IT dans le secteur et imposé le besoin en standards et alliances pour le rendre interopérable avec l’écosystème OT (automatisme). OPC UA est un standard d’échange de données adapté aux besoins d’interopérabilité́ des systèmes industriels et de l’IoT. Indépendant de tout constructeur et multiplateforme, OPC UA rend l’ensemble des systèmes interopérables, tout en garantissant un haut niveau de sécurité́, grâce à la prise en compte des derniers standards de cybersécurité.
Des acteurs majeurs de la smart industry, comme Dassault Systèmes, Schneider Electric ou Siemens, utilisent le protocole OPC UA. De même, l’OMP, la nouvelle initiative annoncée conjointement à Hanovre par Microsoft et BMW Group, sera compatible OPC UA. Fondée sur Azure, le cloud de Microsoft, l’OMP (Open Manufacturing Platform) vise à créer une plate-forme ouverte de production afin de stimuler l'innovation industrielle et d'accélérer le développement d'usines connectées.
3. La cybersécurité, partie intégrante du process industriel
134 milliards de dollars : c’est ce que coûtera aux entreprises la cybersécurité en 2022, selon Juniper Research. Revers de la médaille de la numérisation de leurs usines, les industriels doivent faire face à un risque accru et doivent s’organisent donc en conséquence, afin de s’assurer de la robustesse et de la résilience de leurs usines. Ils optent ainsi pour des systèmes ouverts favorisant les audits, interopérables, permettant une remise en état plus rapide, et plébiscitent l’approche secure by design qui intègre la sécurité dès la conception du produit. Nombreux sont ceux qui chiffrent désormais systématiquement leurs données les plus vitales.
A Hanovre, de nombreux acteurs se positionnent sur ce sujet devenu prioritaire, avec au premier rang des exigences, la nécessité de se fondre dans la continuité du process industriel – que ce soit dans le cadre du “legacy” en “brownfield” (infrastructures existantes) ou en “greenfield” (nouveaux environnements industriels, par nature déjà connectés). Dans l’attirail des nouvelles technologies disponibles, on retrouve l’intelligence artificielle, les drones, l’imagerie 3D... Citons parmi les acteurs présents sur place Phoenix Contact, StormShield, Cyberbit, Atos, Kaspersky...
4. Le digital twin, patrimoine industriel immatériel de l’entreprise
Avec l’industrie 4.0, apparaît l’usine virtuelle et digitale. La notion de distance géographique tend à disparaître et le tableau de bord de la production peut être consulté depuis un PC, une tablette ou un smartphone. C’est le règne des dashboards et des flowcharts.
Avec cette capacité s’ouvrent de nouveaux services de télémaintenance, de téléopération par contrôle à distance ou de vidéocollaboration. C’est le smart operating.
Les téléopérations prennent toutes leurs dimensions avec les jumeaux numériques qui permettent de cloner les machines, les processus et les systèmes dans le numérique. À la manière d’un jeu vidéo, il devient alors très facile de réaliser ou de se former à une opération de maintenance à distance en ayant une compréhension intuitive d’informations souvent complexes. Le jumeau numérique et la digitalisation des process seront d'ailleurs au coeur de notre prochain HUBTALK Industrie 4.0.
Siemens, via sa plateforme Mindsphere, ou Dassault Systèmes, avec sa plateforme 3DExperience, cherchent à aider les industriels dans la virtualisation de leurs usines afin d'atteindre la continuité numérique et l’excellence opérationnelle.
5. Cobots, exosquelettes, réalité augmentée... Les nouveaux alliés du travailleur
Les cobots, ou robots collaboratifs, sont des robots industriels capables de collaborer, de soutenir et d'interagir avec l’humain. Ils sont incontournables pour atténuer la pénibilité au travail et augmenter les performances. La révolution robotique collaborative nécessite cependant un grand nombre de technologies afin d'assurer sécurité, modularité et productivité.
En matière de robots et cobots, citons le japonais Fanuc, qui propose plus de 100 modèles du plus petit au plus puissant, l'allemand Kuka, le suédois ABB ou la startup londonienne Automata, et son cobot Eva. Eva est présentée comme un robot compact et léger pouvant être installé sur un bureau et programmable par les employés eux-mêmes très facilement en 15 minutes. Eva intervient sur des tâches répétitives ou minutieuses qui peuvent être fatigantes et à faible valeur ajoutée pour l’homme. Automata cherche à démocratiser l’approche avec un prix d’appel à 6600 dollars environ.
Autres façons d'augmenter l'humain : les exosquelettes (ci-dessus German Bionic) pour atténuer la pénibilité au travail ou les lunettes de réalité augmentée pour assister les travailleurs dans leurs tâches, comme celles de l'américain Daqri.