Comment pérenniser l’e-santé en période post-COVID-19 ?
Les dispositifs de télésanté ont été les grands gagnants de la crise de la COVID-19. "L’usage des dispositifs de télésanté aux USA a été multiplié par 40 aux USA durant la crise ! Côté application mobile dédiée à la santé, on note une augmentation de près de +34% de téléchargements, même si ces dernières restent majoritairement liés à la pratique sportive et au bien-être", indique Lionel Reichardt. Et cette démocratisation de la e-santé a également eu lieu dans l'hexagone : si en 2019 seulement 70 000 téléconsultations ont été remboursées par l’assurance maladie, ce chiffre est passé à près de 19 millions en 2020. "Il est également intéressant de noter qu’avec le site “santé.fr”, notamment utilisé pour localiser les centres de vaccinations, l'État français a pris sa place dans les processus de communication lié à la santé", explique l’expert.
La crise sanitaire a accéléré les usages du numérique dans le domaine de la santé. Mais c'était une médecine de guerre destinée à répondre aux besoins en urgence, et les pratiques ne se sont pas inscrites dans la durée.
- Lionel Reichardt, fondateur (7C’s HEALTH)
Cependant, alors que la normalité tend à revenir, la transformation numérique de la santé se heurte à la barrière des usages. "La téléconsultation ne représente aujourd’hui plus que 4% des consultations effectuées par les médecins généralistes. Certaines spécialités, notamment les psychiatres et autres professions liées à la santé mentale, continuent cependant à utiliser largement ce type de dispositif [...] Cette diminution du recours à la télémédecine peut en partie s’expliquer par le fait que les médecins et hôpitaux n’ont pas assez réfléchi à comment inscrire la télémédecine dans le parcours de soin du patient", indique Lionel Reichardt. Pour l’expert, si la crise a effectivement permis de montrer le potentiel de la technologie, il est aujourd’hui nécessaire d'arrêter de produire des pilotes sous-dimensionnés qui empêchent de tirer des conclusions.
J'entends souvent parler du fait que la crise de la COVID-19 a permis à la santé de prendre le virage du numérique. J’aimerai ajouter que, en termes techniques, c’est après un virage qu’il faut accélérer. 2022 doit-être l’année de la santé connectée.
- Lionel Reichardt, fondateur (7C’s HEALTH)
Pour favoriser les usages, Lionel Reichardt évoque plusieurs pistes. La première réside dans le financement du monde de la santé connectée. Si ces dernières années, les entreprises HealthTechs ont levé des sommes records (100 milliards en 10 ans, près de 20 milliards sur les premiers mois de 2021), l’expert note que "tous les financements disponibles ne sont pas pérennes ! Il faut faire rentrer cela dans le droit commun afin de générer les usages.” Autres pistes : l’évolution de la réglementation. Lionel Reichardt cite en exemple le DiGA en Allemagne qui clarifie les applications et dispositifs numériques médicaux de manière à faciliter la prescription par des professionnels de santé. Enfin, la formation s’annonce également comme un levier important. "La formation des professionnels aux outils digitaux pour sensibiliser et développer les compétences numériques. Au-delà de tout cela, il est important de construire la confiance avec les professionnels et les patients en apportant plus de visibilité sur les usages", conclut Lionel Reichardt.