Quel avenir pour une synergie hydrogène-nucléaire en Europe ?
Par effet de domino, l’hydrogène vert est au cœur de nombreux plans énergétiques, de Bruxelles jusqu'aux collectivités locales : en France, la Métropole de Perpignan tire parti de son statut côtier pour investir dans l’hydrogène offshore, et des agglomérations comme Lorient et Auxerre poursuivent leur objectif d’ancrer la technologie dans leur ADN.
Si la production de l’hydrogène bleu entraîne des émissions carbones qui doivent être capturées, l’hydrogène vert nécessite une électricité décarbonée, produite jusqu’à présent par l’éolien, le solaire ou l’hydroélectrique. En Europe, où ces ressources sont limitées, une solution s’est présentée : à l’horizon 2030-2035, il serait envisageable d’importer cet hydrogène vert de pays disposant de ressources renouvelables plus importantes et de l’infrastructure nécessaire pour l’acheminer.
Une alternative, pourtant, fait débat. Le 1er janvier 2023 marquera l’entrée du gaz et du nucléaire dans la taxonomie verte de l’Union Européenne en tant que technologies dites “de transition”, afin d’atteindre les objectifs neutralité carbone de ses pays. Avec 56 réacteurs nucléaires actifs sur le sol français seul, il deviendrait alors possible de faire appel à la synergie hydrogène-nucléaire pour remplacer une exploitation massive d’autres énergies propres.
En effet, le nucléaire a un facteur de charge 3 fois supérieur à l’éolien, ce qui permettrait une production d’hydrogène en masse, au moyen de structures énergétiques déjà disponibles sur le territoire européen. Les discussions affluent autour du sujet : encore aujourd’hui, le nucléaire inquiète. En plus d’informer et d’accompagner les pays qui seraient tentés par cette alternative, l’Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA) travaille à évaluer le rendement économique d’une production hydrogène soutenue par l’énergie nucléaire.
Ces potentielles directions pour l'Europe restent néanmoins incertaines. Le plan REPowerEU de la Commission Européenne, paru le 18 mai 2022, était très attendu pour mesurer l’avancée de la réalisation de l'hydrogène nucléaire, en particulier après sa décision d'inclure l'énergie nucléaire dans sa taxonomie. Cependant, la Commission a finalement choisi de se tourner vers des formes d'énergie pour produire de l'hydrogène, qui demeure un point d'intérêt majeur. Peut-être, dans un futur proche, le nucléaire aura-t-il une autre occasion de faire ses preuves...